Neurologie
Alzheimer : la sieste excessive favorise son développement chez les plus de 70 ans
Chez les personnes âgées ne souffrant pas de démence, une somnolence diurne excessive serait associée à l'accumulation accrue d’une protéine cérébrale amyloïde, marqueur de la maladie d’Alzheimer. En traitant les personnes atteintes de somnolence diurne excessive, on pourrait prévenir le développement éventuel de la démence.
- Bojan89
Des chercheurs américains de la Mayo Clinic ont mis en évidence l’association entre une somnolence diurne excessive et l’accumulation de la protéine β amyloïde, biomarqueur de la maladie d’Alzheimer.
En identifiant de manière précoce les personnes atteintes de somnolence diurne excessive, on pourrait réduire la progression de l’amylose cérébrale et prévenir le développement éventuel de la démence.Leurs résultats sont publiés dans le JAMA du 12 mars 2018.
Vieillissement et somnolence
Le vieillissement est généralement associé à une somnolence diurne excessive, elle-même liée au déclin cognitif chez les personnes âgées. Ce type de somnolence est défini comme une difficulté à maintenir l’éveil désiré ou comme une plainte d’une quantité excessive de sommeil.
Plusieurs études ont d’ores et déjà montré une association entre somnolence diurne excessive et risque accru de démence, et plus particulièrement l’association entre somnolence diurne excessive et amincissement cortical prononcé dans les régions sensibles à l’âge, ce qui suggère un vieillissement accéléré du cerveau.
Somnolence diurne excessive et maladie d'Alzheimer
En pratique, l’accumulation de la protéine β amyloïde survient assez tôt dans les stades précliniques de la maladie d’Alzheimer. Or, le sommeil peut favoriser son élimination et, à l’inverse, un sommeil perturbé peut contribuer à son accumulation tout en participant à l’augmentation de l’activité synaptique cérébrale concourant à l’accumulation de protéine β amyloïde. Un cercle vicieux que l’on pourrait enrayer selon les chercheurs américains.
Ces derniers ont constaté dans une étude observationnelle conduite entre 2009 et 2016 chez 283 personnes âgées de plus de 70 ans ne souffrant pas de démence, qu’une somnolence diurne excessive s’associait à une accumulation accrue de protéine β amyloïde dans les régions sensibles du cerveau : le gyrus cingulaire et le précunéus.
Contribution de l'apnée obstructive du sommeil
Par ailleurs, il faut prendre en compte le fait que chez les personnes âgées, l’apnée obstructive du sommeil concourt fréquemment à la somnolence diurne, en particulier lorsqu’elle est sévère. Les chercheurs ont mis en évidence que la fragmentation du sommeil avec augmentation du sommeil N1 (de stade NREM 1 avec une diminution correspondante du sommeil lent) semble être associée plus systématiquement à la somnolence dans l’apnée obstructive du sommeil.
Cela suggère que la somnolence résultant de l’apnée obstructive du sommeil peut dépendre d’une susceptibilité individuelle à l’instabilité du sommeil. La somnolence excessive diurne peut donc être un marqueur d’instabilité du sommeil. Or cette instabilité du sommeil pourrait provoquer une surcharge du réseau synaptique cérébral. La somnolence excessive diurne pourrait s’avérer être une manifestation clinique de cette surcharge.
Prévenir la démence
Il résulte de ces observations que les personnes atteintes de somnolence excessive diurne sont plus vulnérables aux modifications pathologiques survenant dans la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs comptent s’atteler à de nouveaux travaux afin de déterminer si la somnolence excessive diurne est un marqueur clinique d’une plus grande instabilité du sommeil, de la surcharge synaptique ou de la neurodégénérescence des centres promoteurs de l’éveil.
En identifiant précocement les personnes atteintes de somnolence diurne excessive on pourrait traiter leurs troubles du sommeil sous-jacents et éviter ainsi le développement de l’amylose cérébrale.
Jeunesse qui veille et vieillesse qui dort sont toutes deux...











