Infectiologie
Solutions hydro-alcooliques : l’inquiétude suscitée par des bactéries super-résistantes
Une récente étude australienne révèle qu’une espèce de bactérie généralement responsable d’infections nosocomiales serait devenue résistante aux solutions hydro-alcooliques.
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Une récente étude menée à l’échelle de l’Australie met en évidence l’émergence d’une espèce bactérienne habituellement responsable d’infections nosocomiales devenue résistante aux solutions hydro-alcooliques. Cette problématique récurrente en santé publique avec l’antibiorésistance concerne les hôpitaux du monde entier. Les résultats de l’étude sont publiés sur le site biorxiv.
L’espèce en question
La bactérie « super-résistante » mise en cause appartient à la famille des entérocoques, membres du microbiote gastro-intestinal. Elle se nomme « Enterococcus faecium. Habituellement faiblement virulentes, ces bactéries sont néanmoins une cause majeure d’infections nosocomiales et représentent environ 10% des cas de bactériémies acquises dans les hôpitaux du monde entier. En Amérique du Nord et en Europe, elles sont les quatrième et cinquième principales causes de sepsis.
Les infections provoquées sont difficiles à traiter de par leur caractère intrinsèque, acquis, ainsi qu’en raison de leur résistance à de nombreuses classes d’antibiotiques. Par ailleurs, elles causent des problématiques supplémentaires : difficultés associées au traitement et au risque de transmission croisée à d’autres patients.
Des chiffres de résistance alarmants
L’étude impute à ces bactéries le tiers des infections bactériennes. Parmi celles qui sont résistantes à l’ampicilline, 50% résistent également à la vancomycine. Les coûts associés à la gestion de patients colonisés par des entérocoques résistants à la vancomycine sont élevés en raison du besoin en salles d’isolement, en régimes de nettoyage spécialisés, par l’impact direct sur le personnel, le débit de lits et l’utilisation d’antibiotiques plus coûteux.
C’est l’observation de l’apparition de vagues successives de nouveaux clones bactériens conduisant à la croissance du nombre d’infections cliniques qui a mené les auteurs à réaliser cette étude. Ils ont constaté une tolérance à l’alcool chez les clones bactériens les plus récents, résultant de multiples mutations.
Stratégie de contre-attaque
La stratégie de contrôle des infections dans les établissements de santé du monde entier s’appuie généralement sur deux piliers : les désinfectants pour les mains à base d’alcool et les programmes associés d’hygiène des mains. Les solutions à base d’alcool en contiennent au moins 70% (alcool isopropylique ou éthylique). Leur application pendant 30 secondes est plus efficace en termes de désinfection qu’un savon et de l’eau.
Selon les auteurs, il existerait une relation positive significative entre le temps et l’augmentation de la tolérance à l’alcool. Celle-ci incarne la réponse de la bactérie à une exposition accrue aux alcools. Ayant mis en évidence que certaines mutations diminuent la sensibilité des bactéries à la désinfection, et en particulier à l’alcool, les auteurs pensent que pour contrecarrer ces phénomènes d’adaptabilité une solution réside dans le fait de diminuer la composition en alcool des solutions hydro-alcooliques.











