Cardiologie interventionnelle

Insuffisance coronaire : le stent pas plus efficace qu’un placebo ?

La pose de stent ne serait pas plus efficace qu’un placebo pour améliorer la douleur dans l’angine de poitrine stable.

  • La Lamentation de Saint-Pierre, de Claude Vignon (1630)
  • 08 Novembre 2017
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    L’étude a fait l’effet d’un électrochoc. « Toutes les recommandations de cardiologie devraient être révisées », estiment même les deux experts qui signent l’éditorial accompagnant l’article, publié récemment dans la prestigieuse revue The Lancet. En effet, des cardiologues britanniques viennent de montrer que le traitement interventionnel de l’angine de poitrine stable n’aurait pas plus d’efficacité pour contrôler la douleur… qu’un simple placebo. Environ 500 000 patients par an sont pourtant traités de cette manière dans le monde.

    Pas mieux qu’un placebo

    Mais l’essai britannique vient remettre en question cette stratégie. Les chercheurs ont employé une méthode d’habitude réservée aux études de médicaments : comparer l’intervention réelle à une intervention placebo en tous points similaire. Autrement dit, une moitié des 230 patientss étaient endormis en salle de cathétérisme et se voyait introduire une sonde… pour rien. L’étude étant en double aveugle, les médecins eux-mêmes ignoraient si leurs patients avaient suivi la procédure réelle ou factice.

    « De façon surprenante, même si la pose de stent a amélioré la circulation sanguine, elle n’a pas amélioré les symptômes par rapport aux médicaments », explique le Dr Rasha Al-Lamee, cardiologue à l’Imperial College London et premier auteur de l’étude. Or, du fait de la pathologie précise des patients sélectionnés – une coronaropathie sévère stable –, le contrôle de la douleur est la principale justification de la pose de stent…

    Stupeur et tremblements

    Il ne pourtant fait aucun doute que le stent améliorait bien la circulation artérielle. « On dirait qu'entre déboucher une coronaire sténosée et améliorer les symptômes, le lien n’est pas aussi simple que ce nous espérions tous », euphémise Rasha Al-Lamee. Certaines cardiologues américains, cités par le New York Times, sont moins flegmatiques, et évoquent « une leçon d’humilité » ou encore « des résultats incroyables ».

    Une nouvelle démonstration de la puissance de l’effet placebo ? Sans doute, encore que plusieurs praticiens appellent à attendre les résultats de plus long terme (le suivi n’ayant été que d’un mois et demi après l’intervention) avant de se prononcer. Des résultats similaires avaient été trouvés dans le passé et plusieurs grandes études avait démontré que dans l'angor stable, le stent n’apporte aucune réduction de la mortalité, des infarctus, des revascularisations non planifiées ou de l’angor. Tout au plus réduirait-il le risque de douleurs lors de la pratique du sport. C'est un casse-tête pour les cardiologues, qui devront bien continuer à prendre en charge les patients douloureux et n’ont pas le loisir, quant à eux, de pratiquer des interventions factices…

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