Infectiologie
Septicémie : des cellules souches pour éviter les séquelles musculaires
Les survivants d'une septicémie souffrent souvent de lourdes séquelles neurologiques et musculaires. Le recours à la thérapie cellulaire s'avère une piste thérapeutique encourageante.
- DESSONS/JDD/SIPA
Dans le monde, une personne meurt tous les 3 à 4 secondes d’une septicémie. Dans les pays industrialisés comme la France, le sepsis fait autant de victimes que l’infarctus du myocarde. Et d’ici cinquante ans, le nombre de cas pourrait doubler en raison du vieillissement de la population.
« Si, grâce aux progrès de la réanimation, la mortalité liée au sepsis diminue […] les patients qui survivent, présentent de graves séquelles, notamment neurologiques et musculaires, qui les handicapent lourdement », explique l’Institut Pasteur qui publie ce mardi dans Nature Communication les premiers résultats d'une thérapie cellulaire innovante.
Des dégâts cellulaires durables
Les chercheurs de l’Institut Pasteur se sont d’abord attelés à comprendre les atteintes musculaires observées chez les patients. Ils ont étudié des souris souffrant de septicémie, et ont observé des dégâts dans les cellules souches à l’origine des cellules musculaires, appelées cellules satellites. Plus précisément, ils observent qu'à l'intérieur de ces cellules, la masse des mitochondries chute drastiquement.
« Les scientifiques ont ainsi montré qu’après un sepsis, les quelques mitochondries subsistant dans les cellules satellites leur permettaient tout juste de maintenir un fonctionnement minimal de survie, mais n’étaient pas suffisantes pour assurer leur division et leur différenciation en cellules musculaires en cas de besoin (croissance musculaire, réparation et maintenance) », explique l’Institut pasteur. Ainsi, cette atteinte empêche l’organisme de restaurer les fonctions musculaires perdues.
Cette découverte a poussé les chercheurs à envisager la greffe de cellules souches comme piste thérapeutique. Pour mettre au point cette thérapie cellulaire, ils ont choisi les cellules souches mésenchymateuses (CSM) car elles se cultivent très facilement et sont connues pour leurs propriétés immunomodulatrices.
Des essais chez l'homme
Là encore, le modèle murin a été choisi pour tester l’efficacité de ce traitement. Effectuée directement après un choc septique en intramusculaire, la greffe permet de diminuer la réaction inflammatoire et les symptômes associés (fièvre, atonie…). Les chercheurs montrent par ailleurs que les cellules souches mésenchymateuses viennent épauler les cellules satellites et les aident à protéger la fonction des mitochondries. Une fois leur mission terminée, il semblerait que les CSM sont éliminées par l’organisme.
Les chercheurs espèrent maintenant pouvoir tester l’efficacité de leur thérapie cellulaire chez l’homme. La première phase de ces travaux permettrait de savoir si les mêmes atteintes cellulaires sont observées chez les patients ; elle devrait débuter prochainement.











