Infectiologie
Covid-19 : un antihistaminique intranasal réduit le risque d’infection
Un essai contrôlé randomisé montre qu’un antihistaminique nasal, l’azélastine, disponible en vente libre, réduit de 67 % le risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez des adultes en bonne santé. Cette stratégie non spécifique, simple d’emploi et bien tolérée, pourrait compléter les approches actuelles de prévention.
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Malgré la vaccination massive et l’immunité acquise, le SARS-CoV-2 continue de circuler activement, exposant les populations à risque à des formes sévères ou prolongées. Il n’existe aujourd’hui que peu d’options médicamenteuses pour la prophylaxie pré-exposition. L’azélastine, un antihistaminique H1 de seconde génération couramment utilisée en spray nasal contre la rhinite allergique, possède des propriétés antivirales in vitro contre plusieurs virus respiratoires, dont le SARS-CoV-2, le virus respiratoire syncytial et le virus de la grippe. Ses mécanismes incluraient une modulation du récepteur ACE2, une inhibition de la protéase virale Mpro et une action anti-inflammatoire locale.
Un essai randomisé de phase 2, publié dans le JAMA Internal Medicine, a évalué l’efficacité préventive de l’azélastine à 0,1 % administrée en intranasal trois fois par jour pendant 56 jours, chez 450 adultes en bonne santé. L’incidence des infections à SARS-CoV-2 confirmées par PCR est significativement réduite dans le groupe azélastine (2,2 %) comparé au placebo (6,7 %), avec un odds ratio à 0,31 (IC à 95 % 0,11–0,87 ; p = 0,02). Ce résultat confirme un effet prophylactique tangible.
D’autres effets protecteurs sur les virus respiratoires
L’analyse des critères secondaires confirme l’intérêt clinique de cette stratégie. Le délai moyen avant infection SARS-CoV-2 est allongé chez les participants sous azélastine (31,2 vs 19,5 jours), et le nombre d’infections symptomatiques confirmées par PCR est réduit (9,3 % vs 22 %). La durée moyenne de positivité aux tests antigéniques rapides diminue également (3,4 vs 5,1 jours).
Les infections à rhinovirus sont également moins fréquentes sous azélastine (1,8 % contre 6,3 %). En tout, le nombre total d’infections respiratoires détectées par PCR s’élève à 21 dans le groupe traité contre 49 sous placebo, et les jours de maladie déclarés sont également réduits (1,73 vs 2,75). La tolérance du traitement se révèle satisfaisante.
Les effets indésirables, principalement un goût amer (9,3 % vs 1,3 %) et des épistaxis (6,6 % vs 4,0 %), sont bénins, avec peu d’abandons. Trois effets indésirables graves non liés au traitement ont été rapportés (2 dans le groupe actif, 1 sous placebo).
Une étude bien conduite, à confirmer sur des populations à risque
Cet essai randomisé, en double aveugle et contrôlé versus placebo, a été mené entre mars 2023 et juillet 2024 à l’hôpital universitaire de la Sarre, en Allemagne. Les participants, vaccinés dans leur immense majorité, ont été suivis 56 jours avec un dépistage antigénique bihebdomadaire, complété par PCR en cas de positivité ou de symptômes. L’étude présente de solides garanties méthodologiques, mais plusieurs limites : peu d’événements infectieux (20 cas de Covid-19) et une population exclusivement jeune et en bonne santé, ce qui limite la généralisation à des groupes vulnérables.
Selon un éditorial associé, l’azélastine pourrait constituer une prophylaxie locale complémentaire aux vaccins, notamment dans les périodes de forte circulation virale ou en cas de co-circulation de plusieurs virus respiratoires. Son accessibilité, son faible coût et son mode d’administration local en font une option prometteuse pour les patients fragiles. De nouveaux essais, de plus grande ampleur, devront inclure des sujets à risque (âge, comorbidités, immunodépression) pour évaluer l’efficacité réelle de cette approche dans la prévention des formes graves ou prolongées du Covid-19.











