Addictologie
Opioïdes : le sevrage n’augmente pas le risque de suicide
Le sevrage d’un traitement par opioïdes, même pris au long cours, ne serait pas associé à une augmentation du risque d’overdose ou de suicide.
- BackyardProduction/ISTOCK
Prescrits pour soulager des douleurs, les traitements aux opioïdes sont des produits à risque. Ils peuvent entraîner une dépendance physique, voire une addiction. En cas d’arrêt, les professionnels de santé s’inquiètent d’éventuels comportements à risque pour les patients concernés.
Une étude, parue dans Pain, devrait les rassurer. Selon ses auteurs, l’arrêt d’un traitement aux opioïdes n’augmente pas le risque de suicide ou d’overdose.
Opioïdes : l'arrêt n'est pas associé à une augmentation du risque de suicide
Réalisés par une équipe du Centre national de recherche sur les drogues et l’alcool (NDARC) de l’UNSW Sydney, ces travaux sont basés sur l’analyse des données de 3,57 millions de personnes sous opioïdes prescrits. Parmi cet échantillon, les chercheurs ont identifié plus de 371.000 adultes ayant consommé des opioïdes de manière continue pendant au moins six mois entre 2003 et 2018. Ils ont recensé 523 décès par suicide et 671 personnes décédées d'une overdose, la plupart étant des hommes. "Comparé à la poursuite de la consommation, l'arrêt des opioïdes n'était pas associé à un risque accru de suicide, indiquent les auteurs. Ce constat persistait même après la prise en compte de facteurs de risque tels que les troubles mentaux et les troubles liés à la consommation de substances."
Par ailleurs, ils ont remarqué que l'arrêt des opioïdes entraînait une réduction de 55 % du risque de décès. "Non seulement, nous n'avons constaté aucune augmentation du risque de suicide, mais les personnes concernées étaient également deux fois moins susceptibles de subir une surdose accidentelle mortelle", concluent les auteurs.
Sevrage des opioïdes : des résultats rassurants
Dans un communiqué, ils rappellent qu’actuellement, la communauté scientifique s’interroge sur la réduction des taux de consommation d’opioïdes sans compromettre la sécurité ni la qualité de vie des patients. Des études précédentes, réalisées aux États-Unis et au Canada, avaient établi un lien entre l’arrêt des traitements et le risque de suicide.
"Notre étude fournit des données probantes et rassurantes pour les cliniciens et les personnes envisageant d’arrêter un traitement aux opioïdes au long cours, prévient Natasa Gisev, professeure adjointe et co-autrice de l’étude. (…) Compte tenu de la forte prévalence de la douleur chronique dans la communauté et des taux constants de prescription d'opioïdes, malgré une baisse récente, ces travaux offrent des perspectives précieuses aux professionnels de santé et aux personnes souffrant de douleur chronique."
La scientifique précise toutefois que des travaux complémentaires seront réalisés sur les conséquences de l'arrêt des opioïdes chez les personnes souffrant de douleur chronique, "notamment son impact sur la gestion de la douleur et le bien-être physique et émotionnel".











