Neurologie

Migraine et dépression associée : un anti-CGRP agit sur les 2 affections

Le fremanezumab, un anticorps monoclonal anti-CGRP, réduit significativement les jours de migraine mensuels et les symptômes dépressifs chez les patients migraineux souffrant d’une dépression associée.

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  • 06 Mai 2025
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    La migraine, céphalée fréquente et invalidante, est souvent associée à une dépression (épisode dépressif majeur au sens du DSM-V), chaque pathologie augmentant le risque d’apparition de l’autre. Historiquement traités par antidépresseurs tricycliques ou venlafaxine, les patients souffrent d’une efficacité limitée et d’une tolérance médiocre de ces associations thérapeutiques. Le fremanezumab, un anticorps monoclonal anti-CGRP approuvé en prévention de la migraine épisodique et chronique, a démontré également son intérêt sur la fréquence et la sévérité des céphalées.

    L’essai UNITE, étude randomisée en double aveugle versus placebo, a inclus 353 adultes migraineux avec un diagnostic DSM-5 d’épisode dépressif majeur et un score PHQ-9 ≥ 10. Selon les résultats publiés dans JAMA Neurology, sur 12 semaines, la réduction moyenne des jours de migraine mensuels est de – 5,1 jours (IC à 95 % – 6,09 ; – 4,13) sous fremanezumab versus – 2,9 jours (IC à 95 % – 3,89 ; – 1,96) sous placebo (p < 0.001). Les symptômes dépressifs, évalués par HAM-D17, diminuent de – 6,0 points (IC à 95 % – 7,10 ; – 4,95) versus – 4,6 (IC à 95 % – 5,66 ; – 3,55), soit une différence moyenne LS de – 1,4 (IC 95 % – 2,61 ; – 0,22 ; p = 0.02).

    Améliorations cliniquement significatives des céphalées et de la dépression

    L’analyse des critères secondaires confirme la supériorité de fremanezumab sur le pourcentage de patients atteignant ≥ 50 % de réduction des jours de migraine mensuels (OR non spécifié dans l’énoncé) et montrent des améliorations cliniquement significatives des scores HIT-6 et PHQ-9 à partir de la semaine 8. Les sous-groupes EM et CM ont également une réduction comparable des céphalées.

    En termes de tolérance, les événements indésirables les plus fréquents sous fremanezumab sont des infections bénignes et des réactions au point d’injection, tous d’intensité légère à modérée, avec une incidence supérieure à celle du placebo (chiffres exacts non communiqués). Aucun cas de décès ni de risque suicidaire n’a été rapporté. Les effets indésirables cardiaques et métaboliques majeurs sont restés rares, conformément aux études pivots antérieures.

    Une étude en double aveugle sur 12 semaine avec phase d'extension

    L’étude UNITE, menée du 9 juillet 2020 au 31 août 2022, a inclus 55 centres dans 12 pays, selon un protocole avec période de criblage de 4 semaines, phase double aveugle de 12 semaines puis relais en extension ouverte de 12 semaines. Les critères d’inclusion exigeaient une durée ≥ 12 mois d’épisode dépressif majeur et un score PHQ-9 ≥ 10, garantissant une cohorte complexe et représentative des patients en pratique réelle, dont 64 % sous antidépresseurs concomitants. En revanche, l’exclusion des troubles bipolaires ou psychiatriques instables limite potentiellement la généralisation à l’ensemble des comorbidités dépressives.

    Selon les auteurs, ces données plaident pour l’intégration de fremanezumab comme option de première ligne chez les migraineux dépressifs, simplifiant la gestion pharmacologique, réduisant la polypharmacie et potentiellement freinant la chronicisation migraineuse. Les perspectives de recherche incluent des études dédiées à la prévention de la chronicisiation et à l’évaluation comparative versus traitements standard, ainsi que des analyses mécanistiques du rôle direct du CGRP dans la dépression.

     

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