Pédiatrie
Rachialgies : 20% des adolescents en souffrent
Dès l'âge de 7 ans, les enfants peuvent se plaindre de douleurs du dos. Ces lombalgies ou ces dorsalgies peuvent avoir plusieurs origines, mais les causes psychosomatiques ne sont pas à éliminer d'emblée.
- Irkusnya/Epictura
Un enfant de 7 ans sur cent est concerné par les douleurs dorsales et lombaires. Dès l’entrée à l’école, ce chiffre augmente : à 10 ans, ils sont 6 %, et à 14-16 ans, presque un sur cinq sont concernés. Les douleurs sont parfois importantes et handicapantes : elles affectent leur assiduité en cours, et leurs aptitudes à participer à des activités sportives. Pourtant, à peine 7 % de ces enfants consultent, signalent des chercheurs du Nationwide children’s hospital, à Colombus (Ohio, États-Unis).
Dans une revue de la littérature scientifique sur le sujet qu’ils ont publiée ce lundi dans JAMA Pediatrics, ils rappellent également que les douleurs dorsales et lombaires de l’enfance sont un facteur de risque important de problèmes à l’âge adulte. La plupart des causes de ces dorsalgies ou lombalgies sont pourtant bénignes. Et pas forcément liées à un cartable trop lourd, estime le Dr Chantal Job-Deslandre, rhumatologue à l’hôpital Necker-Enfants malades.

Des signes pas toujours bien explorés
« Chez les enfants et les adolescents, il faut avant tout éliminer une scoliosse en cours d'installation (gibbosité en position penchée en avant), mais on retrouve souvent la maladie de Scheuermann, ou dystrophie épiphysaire de croissance, qui donne d’ailleurs plus de douleurs dorsales que lombaires, explique le Dr Job-Deslandre. Le diagnostic est simple à établir, avec des signes clairs à la radiographie du rachis de face et de profil qu'il faut demander. »
En revanche, pour d’autres douleurs d’origine inflammatoire, de type spondylarthrite, plus fréquentes chez les garçons, notamment entre 10 et 12 ans, le diagnostic est plus compliqué. Ces douleurs ne donnent pas de signe à la radiographie au début, l’inflammation n’est pas toujours évidente à détecter, et l’IRM n’est pas un examen standard pour les enfants. Il faut donc vraiment s'intéresser à rechercher des douleurs de sacro-iliaques ou des talalgies, ainsi que des antécédents familiaux de douleurs inflammatoires rachidiennes.
Des douleurs parfois psychosomatiques
La revue de littérature parue dans JAMA Pediatrics conteste l’idée selon laquelle il n'existe que des causes spécifiques aux douleurs lombaires. celles-ci ne sont pas toujours symptomatiques d’une pathologie grave.
Chez la plupart des écoliers, elles sont dues à des traumatismes ou à un excès d’activité musculosquelettique, souvent liés au sport. D’après les chercheurs, ces douleurs seraient d’ailleurs fortement corrélées au niveau de compétition sportive pratiqué par l'enfant. La croissance, les facteurs psychosociaux, les blessures préexistantes et l’hérédité des rachialgies participent aussi aux risques. Les filles y sont, de manière générale, plus exposées.
« Les enfants qui consultent ont aussi des douleurs fonctionnelles (sans lésion apparente, ndlr), poursuit le Dr Job-Deslandre. Les causes sont souvent psychosomatiques, et le diagnostic est plus compliqué. On en voit beaucoup en consultation, et ces cas semblent beaucoup plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 10 ou 15 ans. » Ces douleurs fonctionnelles, observées principalement chez les filles, sont souvent correllées à un absentéisme scolaire.

Pas plus d’heures de sport que l’âge de l’enfant
Si l'enfant se plaint d’un mal de dos, il doit être pris au sérieux. « Si certaines pathologies doivent être traitées chez un spécialiste, la plupart des pédiatres ont une bonne compréhension des principes rappelés dans notre étude, et peuvent aider les enfants et les adolescents à prévenir et gérer les douleurs lombaires, affirme le Dr James MacDonald, spécialiste en médecine du sport au Nationwide Children’s Hospital, et auteur principal de l’étude. Dans la plupart des cas, les douleurs sans cause spécifique répondent bien au repos, et à la rééducation. »
Les chercheurs estiment enfin qu’avant la reprise du sport en début d’année scolaire, et même chez les enfants et les adolescents, une période de préparation physique et de conditionnement neuromusculaire est nécessaire, tout comme une planification de temps de repos. La pratique intensive du sport chez les enfants et les adolescents n’est pas anodine et, pour les plus jeunes, elle ne doit pas excéder l’âge de l’enfant en heures hebdomadaires : à 10 ans, pas plus de 10 heures de sport par semaine !











