Onco-digestif

Cancer colique MSI : galop d’essai confirmé pour l’immunothérapie néoadjuvante

L’intérêt de l’immunothérapie néoadjuvante pour les cancers localisés MSI se confirme avec différentes études montrant à chaque fois des taux de réponse complète pathologiques impressionnants. Après l’étude NEONIPGA dans les cancers œsogastriques MSI, le toripalimab dans la localisation colique, l’étude NICHE-2 vient confirmer les résultats de l’étude NICHE pour les patients avec un cancer colique MSI. 

  • Marcelo Ricardo Daros/iStock
  • 23 Novembre 2022
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    La session présidentielle du congrès de l’ESMO 2022 présentait les résultats poolés de l’étude NICHE et NICHE-2. Sur les 112 patients inclus, l’étude rapporte 95% de réponses pathologiques majeures et 67% de réponses pathologiques complètes (pCR) sur l'immunothérapie néoadjuvante des cancers localisés MSI (microsatellites instables).

    Nivolumab et ipilimumab combiné en néoadjuvant avec une chirurgie à 4-6 semaines

    Les patients avec un cancer colique MSI localisé classés radiologiquement cT3 ou N+ étaient traités à J1 avec 3 mg/kg de nivolumab et 1 mg/kg de ipilimumab, à J15 avec 3 mg/kg de nivolumab, puis opérés 4 à 6 semaines après. Les objectifs principaux de cette étude étaient la sécurité, la faisabilité de la stratégie, et la survie sans maladie (SSM) à 3 ans. Le taux de réponses pathologiques majeures (défini comme ≤10% de tumeur résiduelle viable) et complètes (pCR) étaient des objectifs secondaires.

    Parmi les 112 patients inclus, 74% étaient classés stade III à haut risque (35% cT4a, 28% cT4b, 62% cN2) ; 68% étaient des tumeurs du côlon droit. Par ailleurs, l’étude rapport 4% d’effets indésirables immunomédiés de grade 3-4, dont 1 myosite requérant un traitement par immunosuppresseur. L’étude atteint son objectif principal puisque 98% des patients ont été opéré dans les temps impartis.

    95% des patients atteigne une réponse pathologique majeure

    De façon intéressante, 95% des patients atteigne une réponse pathologique majeure, et 67% une réponse pathologique complète. Parmi les 112 patients, 14 avaient une maladie ypN+, et seulement 3 ont reçu une chimiothérapie adjuvante.

    Au cours d’un suivi médian de 13.1 mois, aucune rechute n’a été rapportée. Enfin, le taux de pCR n’était pas significativement différent entre les patients avec une tumeur sporadique (n=65) et ce avec un syndrome de lynch connu (n=32) (respectivement 58% vs 78%, p = 0,056).

    cTNM radiologique, timing opératoire et désescalade chirurgicale

    L’étude NICHE-2 confirme, à relativement large échelle, le fait que deux tiers des patients avec une tumeur MSI sont mis en pCR par l’immunothérapie néoadjuvante. De manière intéressante, ce sont les mêmes chiffres qui sont rapportés en mono- (PICC : Hu et al., 2021) ou en bi-immunothérapie (NICHE-2, NEONIPIGA : André et al., 2022) avec une chirurgie réalisée à 1 mois (NICHE-2) ou à 3 mois (NEONIPIGA, PICC).

    Il faut noter ici le très faible taux d’événements indésirables de grade 3-4, assez inattendu, avec la combinaison du nivolumab et de l’ipilimumab. Il persiste des questionnements concernant la robustesse de la classification cTNM radiologique. En effet, des détails concernant le pourcentage de tumeurs avec des signes de régression tumorale au niveau ganglionnaire permettront d’évaluer de manière plus précise le vrai taux de tumeurs de stade III inclus dans cette étude.

    Mis en perspective avec les données du dostarlimab associé à une stratégie de préservation d’organe pour les cancers du rectum MSI (Cercek, NEJM 2022), cette étude laisse apercevoir le développement de stratégies de désescalade chirurgicale pour les patients avec un cancer localisé MSI. Pour les patients porteurs d’un syndrome de Lynch, reste à savoir comment concilier désescalade chirurgicale et prévention du risque de second cancer. 

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