Hématologie

Drépanocytose : la douleur des crises mieux soulagée dans des centres dédiés

Chez les adultes souffrant de crises aiguës de drépanocytose, la prise en charge de la douleur serait mieux réalisée dans des centres de perfusion, en partie dédiés à ces maladies, qu’aux urgences traditionnelles.

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  • 07 Juillet 2021
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    La crise vaso-occlusive (CVO) correspond à une crise douloureuse aiguë hyperalgique, liée à l’obstruction des petits vaisseaux par une déformation des globules rouges qui survient dans certaines circonstances au cours de la drépanocytose.

    Souvent sous-évaluée par les soignants des urgences, cette douleur est parfois mal traitée par les soignants qui ont peur d’administrer des opioïdes chez des patients très agités et soupçonnés d’être des toxicomanes.

    Une étude américaine, parue dans Annals of Internal Medicine, révèle que des centres de perfusion, en partie dédiés à cette activité, seraient plus efficaces pour soulager les douleurs hyperalgiques que les urgences traditionnelles.

    Un suivi de cohorte prospectif

    Les chercheurs ont recruté 483 adultes souffrant d’une drépanocytose et habitant à moins de 100 kms d’un centre dévaluation, dont 269 qui avaient des visites de soins aigus en ambulatoire les jours de semaine. Sur un suivi de 18 mois, et après un ajustement, le délai moyen d'administration de la première dose d’antalgique par voie parentérale serait de 62 minutes dans les centres de perfusion et de 132 minutes aux urgences traditionnelles : soit une différence de 70 minutes (IC 95%, 54 à 98 minutes ; valeur de E=2,8).

    La probabilité d'une réévaluation de la douleur dans les 30 minutes suivant l'administration de la première dose d’antalgique par voie parentérale est 3,8 fois plus fréquente (IC 95%, 2,63 à 5,64 fois plus élevée ; valeur de E=4,7) dans les centres de perfusion qu’aux urgences.

    La probabilité que la visite d'un malade aboutisse à une sortie et un retour au domicile est 4,0 fois plus élevée (IC 95%, 3,0 à 5,42 fois plus élevée ; valeur de E=5,4) lors du traitement dans un centre de perfusion qu'après un traitement aux urgences.

    Réévaluer le fonctionnement des urgences

    Cauchemars des malades drépanocytaires, les urgences traditionnelles sont une source d’angoisse permanente pour les malades souffrant de drépanocytose sévère. Alors qu’il s’agit de la maladie génétique la plus fréquente, la connaissance du traitement des crises vaso-occlusive de la drépanocytose reste mal connue de nombreux médecins, y compris dans les régions où les malades sont les plus fréquent.

    Cette douleur, qui est pourtant décrite par les patients comme très intense, « pire qu’une fracture » ou comparable à « des coups de marteau », est souvent soulagée de façon très inégale aux urgences. Selon que le médecin connaisse ou pas la maladie, le malade recevra une perfusion d’opioïde rapidement, en parallèle au traitement de réhydratation, oxygénothérapie et réchauffement, ou restera à souffrir sur un brancard, et au pire sera suspect d’être un toxicomane…

    La nécessité de centre de perfusion dédiés comme imaginés aux Etats-Unis peut être une solution intéressante pour des malades confrontés à la répétition des crises et à l’incompréhension des soignants.

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