Médecine générale
Obésité : intérêt d’un nouveau traitement hebdomadaire par analogue du GLP-1
Chez des sujets obèses, ou en surpoids, avec comorbidité mais non diabétiques, le sémaglutide, un analogue du GLP-1, administré en sus de modifications du mode de vie, entraine une perte de poids de plus de 10% dans près de 70% des cas. Des résultats qui ouvrent la voie à une nouvelle approche médicale de l’obésité.
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Fléau mondial, l’obésité est de prise en charge difficile, échappant souvent sur le long terme aux régimes successifs.
La chirurgie bariatrique, acte invasif qui expose à de nombreuses complications à court et long terme, peut donner de bons résultats, mais elle ne s’adresse qu’aux patients ayant une obésité morbide.
Un effet sur l’appétit
Les possibilités de traitement médical sont limitées et il y a donc un besoin majeur de nouvelles options thérapeutiques. Le sémaglutide, un analogue du GLP-1, administré par voie sous cutanée une fois par semaine, et indiqué dans le diabète de type 2, entraine une perte de poids. Un effet attribué à son action sur l’appétit qui se traduit par une réduction de l’apport énergétique.
Des études de phase 2 avaient montré que cet effet sur le poids s’observait aussi chez des patients obèses non diabétiques, ce qui a conduit à mettre en place tout un programme d’essais cliniques, dont l’essai STEP-1.
Une perte de poids de plus 15 % chez un sujet sur deux
Publiés dans le NEJM, les résultats de cette étude multicentrique internationale de phase 3, qui a inclus 1960 sujets adultes ayant un IMC > 30 kg/m2, ou > 27 kg/m2 mais avec au moins une comorbidité, confirment les bénéfices de cet analogue du GLP-1 sur le poids. Au terme d’un suivi de 68 semaines, la perte de poids a été en moyenne de 14,9% dans le bras sémaglutide (2,4 mg/semaine par voie sous-cutanée), versus 2,4% dans le bras placebo (tous les patients ayant suivi parallèlement des mesures hygiéno-diététiques).
Une perte de poids de plus de 5% a été rapportée chez 86,4% des patients sous sémaglutide vs 31,5% de ceux sous placebo. Ceux ayant reçu le traitement actif ont également été significativement plus nombreux à perdre plus de 10% de leur poids initial (69,1% vs 12%). La perte de poids a été de plus de 15% chez une personne sur deux (50,5%), comparativement à 4,9% dans le bras placebo (p <0,001 pour les trois comparaisons). Les auteurs rapportent également une amélioration significativement plus marquée du profil métabolique et du score fonctionnel avec le sémaglutide.
Les troubles gastro-intestinaux au premier plan des effets indésirables
Au niveau de la tolérance, les effets secondaires gastro-intestinaux, le plus souvent légers à modérés et transitoires, ont été sans surprise plus fréquents chez les sujets traités par le sémaglutide (74,2% vs 47,9%). Le taux d’effets secondaires sévères a également été plus élevé sous traitement actif (9,8% vs 6,4%), différence en grande partie liée à des troubles gastro-intestinaux ou hépatobiliaires, tout comme celui d’interruption de traitement (7% vs 3,1%).
Trois cas de pancréatite aiguë modérée ont été rapportés sous sémaglutide, tous résolutifs au cours de l’essai. Aucune différence entre les deux bras de traitement n’a été observée quant à la survenue de cancers.
Une première étape
Des résultats encourageants, mais cette étude ne représente qu’une première étape dans l’évaluation clinique de ce traitement dans ce contexte, notamment en raison de ses limites, soulignent Julie R. Ingelfinger et Clifford J. Rosen dans l’éditorial qui accompagne la publication. La cohorte étudiée, majoritairement des femmes d’origine caucasienne, n’est sans doute pas la plus représentative de la population en surpoids ou obèses aux Etats-Unis. De plus, 40 % des sujets étaient pré-diabétiques.
La durée de l’étude ne permet pas de répondre sur les bénéfices ni sur des éventuels effets secondaires délétères à long terme du traitement. Une question essentielle dans ce domaine marqué par des antécédents douloureux. Le mode d’administration, une injection hebdomadaire, n’est pas le plus facile à gérer ni le plus coût-effectif, mais le développement de formes orales devrait simplifier les choses. Le sémaglutide a, dans cet essai, été comparé à un placebo ; il reste à évaluer dans des essais cliniques des formes orales d’analogues du GLP-1 aux iSGLT2 ou d’autres traitements entrainant une perte de poids, voire à la chirurgie bariatrique.











