Onco-thoracique

Carcinomes épidermoïdes pulmonaires métastatiques ou en rechute : quels bénéfices à la recherche des mutations ciblables ?

Dans les carcinomes épidermoïdes pulmonaires, métastatiques ou en rechute, les résultats du Lung-MAP master, protocole de recherche à grande échelle de mutations ciblables, commencent à arriver. Il n’y aurait pas de bénéfice par rapport à l’immunothérapie.

  • Design Cells/istock
  • 21 Décembre 2020
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    Le projet nord-américain Lung-MAP (Lung Cancer Master Protocol) avait pour objectif d’analyser l’éventuelle présence de mutations ciblables chez les patients porteurs d’un cancer bronchique non à petites cellules métastatique ou en rechute, de sous-type histologique carcinome épidermoïde [1]. Afin de rechercher si, comparativement aux adénocarcinomes, on pouvait espérer trouver des mutations drivers (telles que EGFR ou ALK pour les adénocarcinomes par exemple). Ce master protocole proposait un traitement de 2ème ligne ou plus.

    Ce projet de vaste ampleur a été réalisé sur 1841 patients entre 2014 et 2019. La recherche de mutation incluait un séquençage nouvelle génération de l’ADN (NGS – New Generation Sequencing) grâce au test Fondation One. L’attribution d’un traitement se faisait ensuite en fonction des résultats (présence d’une mutation driver ou non) dans le cadre de sous-études. Les premiers résultats sont publiés dans The Lancet Oncol.

    Traitements adaptés en fonction du test Fondation One

    Sur la totalité des patients, 655 (46.7%) ont intégré un protocole de traitement à partir des résultats du test Fondation One. Le délai moyen entre le screening et l’initiation du traitement dans une sous-étude était de 3.5mois.

    La sous-étude qui adaptait le traitement à une mutation driver retrouvée proposait le taselisib (ciblant les altérations de PIK3CA) versus docetaxel, le palbociclib (altérations dans un gène du cycle cellulaire) versus docetaxel, l’AZD4547 (ciblant les altérations de FGFR), le rilotumumab associé à l’erlotinib (pour les altérations de MET) versus erlotinib, le talazoparib (en cas de déficit de la recombinaison homologue), et le telisotuzumab vedotin (pour les altérations de MET).

    En l’absence de mutation ciblable, la sous-étude de traitement non ciblé proposait une immunothérapie par durvalumab versus docetaxel, ou du nivolumab associé à l’ipilimumab pour les patients naïfs d’immunothérapie versus nivolumab; et du durvalumab associé au tremelimumab pour les patients rechutant après immunothérapie.

    Des résultats en faveur de l’immunothérapie

    En combinant les résultats de chaque sous-étude : 7% des patients ont répondu à une thérapie ciblée, 16.8% des patients naïfs d’immunothérapie ont répondu à l’immunothérapie, et 5.4% ont répondu au docétaxel en 2ème ligne. La médiane de survie globale est de 5.9 mois dans le groupe thérapie ciblée, de 7.7 mois dans le groupe docétaxel, et de 10.8 mois dans le groupe immunothérapie. La médiane de survie sans progression est de 2.5 mois dans le groupe thérapie ciblée, de 2.7 mois dans le groupe docétaxel, et de 3.0 mois dans le groupe immunothérapie.

    Un meilleur taux de survie est donc observé sous immunothérapie, en revanche les thérapies ciblées ne bénéficiraient qu’à un nombre limité de patients.

    L’avenir attend les résultats du master protocole LUNGMAP

    Le screening des mutations potentiellement drivers et ciblables se poursuit aujourd’hui dans tous les sous-types histologiques des cancers bronchiques non à petites cellules avec le master protocole LUNGMAP débuté en 2019. Il faudra patienter plusieurs années avant d’en avoir les résultats définitifs.

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