Hématologie

Leucémies aiguës myéloïdes : a-t-on le temps d’attendre ?

La prise en charge de patients atteints de leucémies aigues myéloïdes est considérée comme une urgence médicale, le groupe allemand (SAL) a étudié l’impact du délai entre le diagnostic de la leucémie et l’initiation de la chimiothérapie.

  • Photobuay/istock
  • 08 Juin 2020
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    Dans une étude rétrospective de registre sur 2263 patients atteints de leucémie aiguë myéloïde (LAM), en excluant les LAM promyélocytaires (LAM3), Röllig et coll. ont étudié l’impact du délai, en jours, entre le diagnostic de LAM et l’initiation de la chimiothérapie intensive sur le taux de rémission complète (RC) et la survie globale (SG).

    A noter que l’hydroxyurée n’était pas considérée comme de la chimiothérapie mais comme traitement cytoréducteur. Les patients ont été divisés en 4 groupes : initiation de la chimiothérapie entre le jour (J) 0 et J5, entre J6 et J10, entre J11 et J15, et >J15. L'étude est publiée dans Blood.

    Pas d’impact apparent du délai

    L’âge médian des patients est de 59 ans (intervalle, 50-68). Dans le groupe J11-J15, l’âge médian est plus élevé et il y a plus de cytogénétique à haut risque. La chimiothérapie la plus prescrite est un 3+7. Le taux global de RC est de 78%, sans différence significative entre les groupes.

    En analyse multivariée, le risque ELN, l’âge, le taux de leucocytes, de LDH, LAM de novo versus secondaire, le performans status étaient des facteurs pronostiques de la RC mais pas le délai d’initiation de la chimiothérapie. Avec un suivi médian de 42 mois, le taux de SG est de 50%.

    Ni en analyse multivariée, ni en analyse par score de propension, le délai d’initiation de la chimiothérapie n’est pronostique. De même l’introduction de l’hydroxyurée n’impacte ni le taux de rémission ni le taux de survie globale.

    Prendre le temps en dehors des urgences

    1. Dans cette cohorte, les patients avec une LAM hyperleucocytaire sont traités plus précocement ; l’utilisation de l’hydroxyurée et des soins de supports permettent de prévenir de complications infectieuses ;
    2. Les caractéristiques biologiques de la leucémie aiguë sont les facteurs les plus déterminants, écrasant le délai du traitement dans les analyses multivariées. Une autre hypothèse est que les hématologues connaissent très bien les situations où l’initiation du traitement est une urgence et celles où il est nécessaire d’attendre pour stabiliser un patient par exemple, avant de commencer la chimiothérapie.

    Ces résultats sont en accord avec d’autres études et ont une implication clinique directe à notre époque de la thérapie ciblée. La LAM reste une urgence médicale en cas de leucocostase, coagulopathies, neutropénies fébriles. Cependant, chez un patient stable, attendre les résultats de cytogénétiques pour débuter un traitement n’a pas d’impact négatif sur le devenir du patient.

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