Pneumologie
Le microbiote agit sur la réponse à l’immunothérapie dans le traitement du cancer
L’efficacité de l’immunothérapie dans le traitement du cancer dépendrait du microbiote du patient. D’après un entretien avec Bertrand Routy.
- LANCELOT FREDERIC/SIPA
Une étude précédente réalisée en 2015 sur des souris, avait montré que l’efficacité de l’immunothérapie était étroitement liée à la présence d’une bactérie du microbiote, Bacteroïdes Fragilis. Lorsque les souris avaient reçu des antibiotiques un à deux mois avant l’injection de nivolumab, l’efficacité de l’immunothérapie était fortement diminuée.
Une récente étude, publiée dans la revue Science, s’est intéressée à l’impact des antibiotiques sur l’efficacité de l’immunothérapie, cette fois-ci chez cent quarante patients avec cancer du poumon et traités par immunothérapie. Les patients qui avaient reçu des antibiotiques un à deux mois avant la première injection de nivolumab ont eu une moins grande survie.
Le microbiote comme biomarqueur
Il s’agit d’une étude rétrospective et d’autres études prospectives sont en cours, dont le but est de déterminer si ces résultats sont fonction du type d’antibiotique administré au préalable. Une analyse de séquençage du microbiote sur les selles a retrouvé une bactérie présente chez les répondeurs. Lorsque le microbiote contenant cette bactérie est transplanté aux souris, la réponse au nivolumab est meilleure. Le microbiote des patients dicte donc la réponse dans le modèle murin : en ajoutant la bactérie, on obtient une réactivation de la réponse.
Attention aux prescriptions d’antibiotiques
Cette étude donne de bons espoirs sur l’intérêt de modifier le microbiote pour obtenir une meilleure réponse à l’immunothérapie dans le traitement des cancers. Pour Bertrand Routy, de l’Institut Gustave Roussy, il est trop tôt pour préciser si une seule ou plusieurs bactéries sont responsables de ce phénomène. Des projets d’études prospectives sont en cours, en France.
La prescription d’antibiotiques doit donc être mûrement réfléchie et réservée aux cas la nécessitant vraiment pour ne pas diminuer la chance de réponse l’immunothérapie.
En conclusion, le microbiote agit sur la réponse à l’immunothérapie dans le traitement des cancers. Il faut donc inciter les cliniciens à rester prudents dans les prescriptions d’antibiotiques avant le traitement du cancer pour éviter les modifications du microbiote.












