Onco-Thoracique
Cancer du poumon : le diagnostiquer grâce à l'air expiré ?
Les nez électroniques, grâce à leur capacité d’analyse de l’air expiré, montrent un potentiel prometteur dans le dépistage précoce du cancer du poumon, selon un essai de phase II. Ces dispositifs non invasifs, précis à 92,5 %, pourraient révolutionner les méthodes actuelles de détection.
- Pepe Gallardo/iStock
Les « nez électroniques » sont des machines permettant d’analyser l’air expiré et ses composants. Si cette technologie existe depuis plusieurs décennies, c’est depuis les années 2010 que la recherche s’est développée dans ce domaine. Aujourd’hui l’équipe de Gaetano Rocco et al. rapporte un essai de phase II démontrant que les nez électroniques permettent un dépistage de patients atteints de cancer du poumon aux stades précoces.
Un nez électronique pour dépister le cancer du poumon ?
Cet essai de phase II a recruté des patients au Memorial Sloan Kettering Cancer Center entre 2020 et 2023, qui participaient à un protocole de dépistage, et présentaient à l’imagerie un nodule solide ou partiellement solide à plus de 50 % de sa surface, que le diagnostic de tumeur soit posé ou non par la biopsie dans les suites. L’analyse de l’air expiré des patients était réalisée au décours du processus de dépistage.
Il était demandé aux patients de ne pas fumer et d’être à jeun depuis 8 h avant le test du nez électronique. L’analyse des données était réalisée en aveugle par une équipe partenaire italienne de Rome.
Un taux de précision de plus de 92 %
Au total, 100 patients furent inclus dans cet essai pour analyse. L’âge moyen de la cohorte était de 66 ans. La taille moyenne des nodules était de 1,6 cm de diamètre avec une fixation médiane au petscanner de 3,1. Au total, 88 % des patients ont eu une confirmation de diagnostic de cancer du poumon à la biopsie.
La technologie E-nose a identifié correctement 86 patients (taux de vrais positifs de 86 %), n’a pas identifié la présence d’un cancer du poumon chez 2 patients (taux de faux négatifs de 2 %), et a identifié à tort 12 patients (taux de faux positifs 12 %).
Les auteurs attachent de l’importance à des valeurs qui ne sont pas la sensibilité ni la spécificité, mais le score F1 (qui considère la précision, c’est-à-dire le score entre les échantillons classés correctement positivement et ceux classés à tort positivement), et le rappel (taux de positifs correctement étiquetés). Ici, le taux F1 est de 92,5 % et le rappel de 86 %.
Vers un dépistage massif à faible coût ?
Ces taux et les résultats de cet essai de phase II sont très encourageants et placent la technologie E-nose du nez électronique comme pouvant éventuellement bientôt faire partie de l’arsenal de dépistage à disposition. Cette technique est non invasive et pourrait s’étendre facilement à la population de masse. Les phases de développement ultérieures doivent cependant être menées.











