Diabète, cancer
Aliments ultra-transformés : nocifs... même à petites doses
Même en petites quantités, les aliments ultra-transformés comme les viandes industrielles ou les sodas augmentent les risques de diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancer, confirme une méta-analyse incluant des millions de consommateurs.

- Par Stanislas Deve
- Commenting
- Yannasakamon Thamjamrassri / istock
Même consommés avec modération, les aliments ultra-transformés pourraient entraîner un risque accru de maladies chroniques, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Medicine. Viandes transformées, boissons sucrées et acides gras trans sont particulièrement dans le collimateur.
Un lien clair avec le diabète, les maladies cardiaques et le cancer
En analysant des données issues de dizaines d'études menées sur des millions de participants, les chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington, aux Etats-Unis, ont observé que ces produits augmentent significativement le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques ischémiques et de cancer colorectal.
"Pour une consommation quotidienne de 50 grammes de viande transformée, le risque relatif de développer un diabète de type 2 atteint 1,30", soit 30 % de risque en plus par rapport à une non-consommation, détaillent les auteurs dans un communiqué. Concernant le cancer colorectal, le risque est également accru : "Une consommation de 50 grammes par jour est associée à un risque relatif de 1,26". Les boissons sucrées, quant à elles, augmentent le risque de diabète de 20 % à raison de 250 grammes par jour.Des composés chimiques mis en cause
Les viandes transformées sont souvent préservées par fumage (exposition à la fumée), par salaison ou par ajout d’additifs chimiques. Elles peuvent contenir des agents dits nitrosants (nitrites, oxydes d'azote...) ou des hydrocarbures aromatiques polycycliques, substances soupçonnées d’être cancérigènes. De leur côté, les graisses trans artificielles, conçues pour solidifier les huiles végétales, sont liées à l’inflammation systémique et aux maladies coronariennes.
L’une des révélations majeures de l’étude concerne l’effet dose-réponse : "Le risque augmente de façon continue à chaque niveau de consommation, avec les hausses les plus fortes observées à de faibles niveaux d’habitude alimentaire", précise l’équipe de recherche. Autrement dit, même une consommation quotidienne modeste peut avoir un impact significatif sur la santé.
Les auteurs appellent à renforcer les politiques de santé publique, à l’image des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé qui promeut l’interdiction des graisses trans industrielles et la taxation des boissons sucrées. "Ces estimations soutiennent les recommandations existantes visant à réduire la consommation de viande transformée, de boissons sucrées et de graisses trans industrielles." Alors que, selon les experts, près de 300.000 décès par an seraient liés à la seule consommation de viande transformée, cette étude relance une question essentielle : à quel point notre alimentation moderne nous rend-elle malades... même à petites doses ?