Dioxyde de titane
Une substance potentiellement cancérigène détectée dans le lait
Des particules de dioxyde de titane, un composé potentiellement cancérigène potentiel interdit en France, ont été retrouvées dans des laits maternels, d’animaux et infantiles.

- Par Sophie Raffin
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Le dioxyde de titane - longtemps utilisés dans l’alimentation comme colorant blanc et opacifiant (E171), est interdit par mesure de précaution en France depuis 2020 et dans l’UE depuis 2022, car il est soupçonné d’être cancérigène.
Or des scientifiques d’INRAE, de l’AP-HP, du synchrotron SOLEIL et du CNRS ont découvert des particules de cette substance inquiétante dans du lait, y compris maternel et infantile. Leur étude a été publiée le 23 juillet 2025 dans la revue Science of the Total Environment.
Dioxyde de titane : des nanoparticules détectées dans la quasi-totalité des laits
Le choix d’analyser différents types de lait n’est pas un hasard : en plus d’être la nourriture "essentielle et irremplaçable" des nouveau-nés, ces produits permettent d’évaluer l’exposition de la mère à la substance classée cancérigène en 2006.
Résultat : la présence de nanoparticules de titane a été relevée dans 100 % des laits animaux (frais ou en poudre, issus de vaches, d’ânesses ou de chèvres, en agriculture biologique ou conventionnelle) et dans 83 % des laits infantiles analysés (issus du commerce, du 1er au 3e âge, en agriculture biologique ou conventionnelle). "6 millions à 3,9 milliards de particules de titane ont été détectées par litre de lait infantile, et de 16 à 348 millions de particules de titane par litre dans les laits animaux", ajoutent les auteurs dans un communiqué.
Et le lait maternel n’est pas épargné, non plus. "Les particules de dioxyde de titane ont été détectées dans les laits maternels des 10 femmes volontaires vivant à Paris ou en proche banlieue, à des taux variables, certaines femmes présentant jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres. Cela constitue une preuve que le dioxyde de titane peut passer la barrière de la glande mammaire", soulignent les chercheurs.
Dioxyde de titane : de nombreuses sources d’exposition possibles
Les chercheurs estiment que la détection de particules de titane dans le lait malgré l’interdiction du E171 dans l’alimentation, "laisse supposer l’existence d’une contamination par d’autres voies que la voie alimentaire". Et les sources pourraient être nombreuses. Le dioxyde de titane est employé dans une multitude de produits du quotidien comme le dentifrice, les crèmes solaires, les médicaments, le maquillage ou encore les peintures et les plastiques.
De précédentes études avaient aussi découvert des particules du composé classé "cancérigène potentiel chez l'humain par inhalation" dans les eaux de surface (lacs, rivières, mares, canaux, mers), dont celles utilisées pour produire l’eau potable et alimenter les piscines.
Les chercheurs prévoient de poursuivre leurs travaux sur l’exposition aux particules de titane. Ils souhaiteraient notamment évaluer les effets cocktails, en étudiant les habitudes alimentaires, l’utilisation de cosmétiques, de médicaments, et d’autres produits contenant du dioxyde de titane de femmes vivant en région parisienne. Une zone connue pour avoir des taux d'exposition au dioxyde de titane importants.