Polluants éternels

Des substances toxiques dans les protections menstruelles réutilisables ?

Des "polluants éternels", ou PFAS, ont été détectés dans près d’un tiers des protections hygiéniques féminines testées dans une étude américaine. Une découverte inquiétante pour la santé des femmes.

  • 23 Jul 2025
  • A A

    Alors que les produits d’hygiène féminine réutilisables, comme les culottes menstruelles et les cups, gagnent en popularité pour des raisons écologiques, une nouvelle recherche américaine vient jeter un trouble. Publiée dans Environmental Science & Technology Letters, elle révèle la présence de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), communément appelées "polluants éternels", dans près de 30 % des articles analysés. Une découverte inquiétante pour la santé des utilisatrices.

    Des produits durables... mais contaminés

    L'étude, menée par l’Indiana University et l’Université de Notre Dame, a porté sur 59 produits réutilisables en provenance d’Amérique du Nord, du Sud et d’Europe : culottes menstruelles, serviettes lavables, coupes menstruelles et protections contre l’incontinence. Selon Marta Venier, coautrice de l’article, "il est essentiel que ces produits soient sûrs, surtout pour les adolescentes et les jeunes femmes, plus vulnérables aux effets négatifs sur la santé", indique Marta Venier, coautrice de la recherche, dans un communiqué

    Or, les PFAS, utilisés pour leurs propriétés résistantes à l’eau ou aux taches, sont soupçonnés d’entraîner des effets nocifs : troubles hormonaux, cancers, ou encore atteintes au système immunitaire. Leur absorption par la peau, encore méconnue, inquiète d'autant plus que ces produits sont en contact prolongé avec des zones sensibles. "Les risques de l’absorption cutanée de PFAS, en particulier des formes neutres, ne sont pas bien compris", ajoute Venier.

    Des alternatives existent

    L’un des composés toxiques les plus répandus dans les produits nord-américains testés est le 8:2 FTOH, interdit dans les emballages alimentaires par les fabricants eux-mêmes à la demande de la Food and Drug Administration, le gendarme américain de la santé. Sydney Brady, doctorante et coautrice des travaux, souligne que ce composé peut se transformer dans l’organisme en PFOA, une substance encore plus toxique.

    La bonne nouvelle ? Chaque catégorie testée comptait au moins un produit sans trace intentionnelle de PFAS, preuve que des alternatives plus saines sont possibles. Mais encore faut-il que les consommatrices puissent faire un choix éclairé. "Les consommateurs doivent savoir que tout ce qui est présent dans un produit n’est pas nécessairement indiqué sur l’emballage", prévient Marta Venier.

    Les chercheurs appellent donc à une meilleure information sur les composants utilisés et à une réglementation renforcée. Ils rappellent qu'une fois jetés, ces produits finissent en décharge, où les PFAS peuvent alors contaminer les sols et les eaux, prolongeant leur impact environnemental.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.