Cerveau

Parkinson "caribéen" : des fruits exotiques en cause ?

Pour la première fois, des chercheurs établissent un lien entre une forme sévère de la maladie de Parkinson et la consommation accrue de fruits tropicaux, comme le corossol, le cachiman et le zatte.

  • SUMAR TOYO/iStock
  • 22 Jul 2025
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    Et si certains fruits exotiques étaient nocifs pour le cerveau ? C’est ce que suggère une étude lancée 20 ans auparavant par des scientifiques du CHU de Guadeloupe et l’Institut du cerveau de Paris. Pour mener ces travaux, ils sont partis d’un constat. En général, la maladie de Parkinson, se caractérisant par la disparition progressive de certains neurones, se manifeste par des symptômes moteurs. Il s’agit d’une difficulté à initier un mouvement (akinésie), un ralentissement des gestes, une écriture plus petite, une rigidité des membres (hypertonie) et des tremblements.

    Parkinson "caribéen" : la présence d’hallucinations, de troubles de l'équilibre ou de la mémoire

    Chez les personnes habitant aux Antilles, d’autres signes peuvent survenir. "Le Parkinson atypique caribéen associe des signes moteurs de Parkinson avec des signes que l'on appelle cognitifs, c'est-à-dire troubles de la mémoire parfois des hallucinations et d'autres signes comme des chutes, c'est-à-dire des troubles de l'équilibre, chutes de tension quand ils se mettent debout", a déclaré, à FranceInfo Guadeloupe, le Dr Annie Lannuzel, professeur en neurologie CHUG Pointe-à-Pitre/Abymes. "C'est plus sévère parce que l'on voit qu'il y a des atteintes au niveau de la mémoire, le raisonnement. Globalement, la cognition peut être atteinte", a précisé, sur France Culture, Jean-Médard Zola, neurologue au CHU de Guadeloupe et qui travaille avec le Comité France Parkinson de Guadeloupe. D’après les recherches, le Parkinson dit "caribéen" concerne 70 % des patients touchés par la maladie.

    L'annonacine asphyxie le cerveau "ce qui conduit à la dégénérescence des neurones"

    L’équipe a mis en évidence une association entre cette forme caribéenne de la maladie et la consommation élevée de certains fruits exotiques présents en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane ou à La Réunion. Le corossol, le cachiman ou le zatte contiendraient une molécule dangereuse pour les neurones, appelée "annonacine", "qui a des propriétés assez proches des pesticides", selon le Dr Annie Lannuzel. "L'annonacine est une molécule qui a une structure très lipophile et qui a la capacité de pénétrer facilement dans le cerveau. Au début, c'est une asphyxie ce qui conduit à la dégénérescence des neurones. Ce qui va se passer, c'est que l'on va avoir un déficit énergétique au sein des neurones et celui-ci va faire souffrir le neurone et va le faire dégénérer", a expliqué le Dr Patrick-Pierre Michel, chercheur en neurosciences à l'Institut du Cerveau (Paris).

    Selon Jean-Médard Zola, "il y a encore du chemin à faire pour pouvoir bien comprendre le processus qui conduit à la maladie de Parkinson" et la consommation de certains fruits. "Donc, dans ces conditions, nous incitons à la prudence. Mais nous ne sommes pas là pour affoler la population."

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