Champignons
Comment la psilocybine aide le cerveau à se libérer de la peur
La psilocybine, issue des champignons hallucinogènes, pourrait aider le cerveau à "désapprendre" la peur en réorganisant ses circuits neuronaux, ouvrant de nouvelles voies thérapeutiques contre les troubles anxieux et le stress post-traumatique.

- Par Stanislas Deve
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- BM Fotos / istock
Longtemps associée aux hallucinations et à la contre-culture, la psilocybine, molécule psychédélique présente dans certains champignons, suscite aujourd'hui l'intérêt de la recherche pour ses effets sur des troubles comme la dépression, l'anxiété ou le stress post-traumatique. Une étude récente, publiée dans la revue Nature Neuroscience, vient renforcer cette piste en explorant un mécanisme clé : la flexibilité comportementale.
Reprogrammer les circuits de la peur
Certains patients atteints de troubles psychiatriques peinent à s'adapter aux changements de leur environnement. Selon les chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, la psilocybine pourrait les aider à "déverrouiller" certains automatismes, en favorisant l'apprentissage de nouveaux comportements face à des situations imprévues. "Ce psychédélique montre une efficacité rapide et durable dans des troubles caractérisés par une rigidité comportementale", expliquent les scientifiques dans un communiqué.
L'expérience, menée chez des souris, repose sur un modèle d'apprentissage de la peur. Les chercheurs ont conditionné les animaux à associer un stimulus neutre à un choc électrique, avant de leur administrer une dose unique de psilocybine. Grâce à l'imagerie calcique, ils ont observé l'activité neuronale dans le cortex rétrosplénial, une région clé du cerveau impliquée dans la mémoire et la navigation spatiale. "Nous avons constaté qu'une dose unique de psilocybine modifiait l'organisation neuronale, en supprimant les neurones actifs pendant la peur et en recrutant ceux impliqués dans l'extinction de la peur", détaillent les auteurs.
Vers de nouvelles approches thérapeutiques ?
Ces modifications semblent expliquer pourquoi les souris traitées avec la psilocybine parvenaient plus facilement à "désapprendre" la peur. La molécule favoriserait donc une meilleure adaptabilité en restructurant les circuits neuronaux liés aux réactions défensives. "Cela suggère que la psilocybine améliore la flexibilité comportementale en activant de nouveaux ensembles neuronaux et en supprimant ceux liés à la peur." Si ces découvertes doivent encore être validées cliniquement, elles ouvrent la voie à des recherches approfondies sur les circuits neuronaux impliqués dans les troubles anxieux et le stress post-traumatique, et pourraient permettre de développer des traitements ciblés et plus efficaces.