Hyperkaliémie

Substitut au sel de table : attention à l’excès de potassium

Les substituts au sel de table, à base de potassium, peuvent présenter des risques pour la santé de certaines personnes, met en garde l’Anses.

  • WS Studio/istock
  • 02 Jun 2025
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    Pour réduire les risques d’hypertension artérielle et de ses conséquences, il est recommandé de consommer moins de 2 g de sodium par jour. Certains adeptes des plats salés se tournent vers les substituts de sel afin de réduire leur consommation.

    Néanmoins, ces produits à base de chlorure de potassium ne seraient pas sans risques pour la santé des personnes souffrant d’hypertension artérielle, d’insuffisance cardiaque, rénale ou encore d’un diabète.

    L’excès de potassium est dangereux pour certaines personnes

    L’Anses a étudié les effets des substituts de sel sur la santé après l’alerte d’un cardiologue en octobre 2018 "concernant un risque d’excès de potassium (hyperkaliémie) dans le sang avec des conséquences sévères, voire mortelles, liées à la consommation de chlorure de potassium".

    Dans un rapport de 2021, l’agence a établi que le besoin nutritionnel moyen en potassium conseillé était de 3.500 mg/j aussi bien pour les hommes que les femmes. L’apport est assuré par les aliments qui en contiennent naturellement comme les féculents, les produits céréaliers, les légumes, les produits laitiers ou encore le chocolat ou la banane.

    Toutefois, Sandrine Wetzler, chef de projets scientifiques - Mission nutrivigilance à l’Anses, prévient dans un article publié dans The Conversation, qu’il existe des sources d’apport en potassium caché. "Outre les substituts de sels sodés, le chlorure de potassium est également utilisé dans de nombreux produits alimentaires, en raison notamment des processus de fabrication (enrichissement des denrées en potassium, additifs et auxiliaires technologiques) sans que cela soit clairement indiqué sur ces produits", écrit-elle.

    Si les données recueillies laissent penser qu’un excès de potassium lié aux substituts de sels et au chlorure de potassium “caché” avait des effets limités chez les personnes en bonne santé, il peut être problématique pour celles ayant une excrétion rénale de potassium altérée. "Un tel apport peut conduire à une concentration trop élevée de potassium dans le sang (ou hyperkaliémie, définie pour environ 5,5 millimoles par litre, soit 215 mg/l chez les adultes) et, dans certains cas, avoir des effets néfastes sur la fonction cardiaque", explique l’experte.

    L’analyse des cas d’hyperkaliémie répertoriés dans le monde depuis 1986 a montré que ce trouble était principalement d’origine médicamenteuse. En effet, certains traitements contre le diabète de type 2 et l'insuffisance cardiaque ou rénale réduisent la capacité des reins à éliminer le potassium. Ainsi, l’Anses estime que les personnes les plus à risque d’hyperkaliémie en cas d’utilisation inappropriée de sels de potassium sont :

    • les patients insuffisants rénaux au stade 4 dit « stade de l’insuffisance rénale terminale » ;
    • les patients diabétiques ;
    • les patients insuffisants cardiaques ;
    • les patients hypertendus ;
    • les personnes âgées : elles sont plus fréquemment traités pour l’hypertension artérielle, le diabète, l’insuffisance cardiaque ou une diminution de la fonction rénale.
    "L’Agence européenne de l’alimentation (Efsa) rapporte aussi quelques études de cas qui ont indiqué qu’une supplémentation en potassium de 5.000 à 7.000 mg/j pouvait aussi avoir des effets indésirables sur la fonction cardiaque d’adultes en bonne santé. Elle a également identifié des situations à risque chez les individus réalisant des activités susceptibles d’entraîner une déshydratation (activité sportive, travail en pleine chaleur…)", prévient également la spécialiste.

    Hyperkaliémie et chlorure de potassium : mieux informés les consommateurs

    "Les pouvoirs publics ont été alertés sur les dangers encourus par les consommateurs du fait d’un manque d’information sur les étiquettes concernant l’utilisation des sels de potassium, en particulier pour les personnes non suivies ou mal suivies présentant une des affections qui majorent le risque. Il a été suggéré d’ajouter des mentions sur les produits concernés, comme « Les personnes traitées pour hypertension artérielle, diabète, insuffisance cardiaque ou ayant une fonction rénale réduite sont invitées à ne consommer le produit que sous contrôle médical”, écrit Sandrine Wetzler.

    Par ailleurs, l’agence sanitaire française fait part de ses inquiétudes concernant les trois allégations de santé autorisées dans la réglementation européenne pour le potassium. L’une d’elles permet d’indiquer que "le potassium contribue au maintien d’une pression sanguine normale". "Cette allégation pourrait inciter les sujets hypertendus à se tourner vers les denrées proposant du chlorure de potassium et ainsi à s’exposer à un risque sanitaire", déplore l'Anses.

    L’Anses appelle ainsi à une meilleure information sur les risques d’hyperkaliémie liée aux interactions avec les substituts à base de chlorure de sodium, “notamment au moyen d’un étiquetage sur les emballages de ces produits”.

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