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Soins dentaires : l’hypnose réduit bien la douleur et l’anxiété
L’hypnose pourrait devenir un outil complémentaire précieux en médecine dentaire pour réduire la douleur, l’anxiété et certaines douleurs chroniques, selon une chercheuse canadienne, qui appelle à mieux former les praticiens.

- Par Stanislas Deve
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- YURIMA / istock
Longtemps cantonnée à l’image du spectacle, l’hypnose retrouve depuis quelques années ses lettres de noblesse dans le domaine médical. Une nouvelle étude, publiée dans l’American Journal of Clinical Hypnosis, suggère que cette approche non conventionnelle pourrait grandement améliorer les soins bucco-dentaires. Et ce, en particulier dans trois domaines : la gestion de la douleur aiguë, la réduction de l’anxiété et le traitement de certaines douleurs chroniques.
Un outil efficace contre la douleur
"Contrairement aux idées reçues, l’hypnose thérapeutique induit un état modifié de conscience dans lequel l'esprit devient plus réceptif aux suggestions, propice à la détente et à la réduction de la douleur", explique Angélique Thibault, doctorante en médecine dentaire à l’Université de Montréal, au Canada, dans un communiqué. D’après elle, des patients soumis à des extractions dentaires sous hypnose ont rapporté une douleur réduite, ainsi qu’un recours moindre à l’anesthésie locale et à des antalgiques post-opératoires. Lors de soins de racine, 45,2 % des patients sous hypnose ciblée n’ont ressenti aucune douleur.Autre bénéfice notable : une baisse du rythme cardiaque et de la tension artérielle, signes d’un moindre stress. Des résultats prometteurs, bien que la chercheuse souligne que l’hypnose ne permet pas toujours une analgésie complète : "Elle doit être considérée comme un complément aux techniques traditionnelles." Par ailleurs, chez les adultes comme les enfants, l’hypnose diminue significativement l’anxiété d’une consultation chez le dentiste. Elle réduit les pleurs, la résistance verbale et stabilise le rythme cardiaque chez les plus jeunes, surpassant souvent les techniques de distraction audiovisuelle. C’est donc un atout majeur pour les praticiens soucieux d’apaiser leurs patients.
Quid des douleurs chroniques ?
Les données sur les douleurs orofaciales chroniques, comme celles liées aux troubles de l’articulation temporo-mandibulaire, restent limitées. Toutefois, une récente étude a noté une diminution de 55 % de la douleur après séances d’hypnose, contre 3,8 % dans le groupe témoin.
Malgré ces résultats, l’hypnose reste peu enseignée. "Seules deux facultés de médecine dentaire sur dix au Canada offrent une initiation à l’hypnose", regrette Thibault. Elle appelle à la standardisation des protocoles et à une meilleure formation des praticiens. Reste que, pour convaincre, davantage d’études rigoureuses sont nécessaires. Thibault insiste : "L’hypnose est un outil médical sérieux, pas un divertissement."