Expérimentation
Déficit immunitaire rare : une fratrie sauvée par une thérapie génique
Une thérapie génique expérimentale a permis de restaurer le système immunitaire de plusieurs enfants, dont une fratrie, atteints d’un trouble génétique rare, le LAD-I, auparavant incurable.

- Par Stanislas Deve
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C’est une première mondiale et un espoir immense pour les familles concernées : une thérapie génique expérimentale a permis de restaurer le système immunitaire de neuf enfants – dont trois frères et sœurs – atteints d’un trouble immunitaire extrêmement rare et potentiellement mortel, le déficit immunitaire d’adhésion des leucocytes de type 1 (LAD-I). Les détails de cette prouesse médicale ont été publiés dans le New England Journal of Medicine.
Un gène modifié, un traitement curatif
Touchant une personne sur un million, le LAD-I est causé par une mutation du gène codant pour la protéine CD18, essentielle pour permettre aux globules blancs d’atteindre les zones infectées. Sans elle, les enfants souffrent d’infections répétées, d’ulcères cutanés et buccaux, et, sans traitement, peu survivent au-delà de la petite enfance. Jusqu’ici, la seule option était la greffe de moelle osseuse, avec tous les risques qu’elle comporte.
La nouvelle approche, développée par Rocket Pharmaceuticals, consiste à prélever les cellules souches sanguines du patient, y insérer une version saine du gène CD18 grâce à un vecteur viral modifié, puis les réinjecter au patient. Les neuf enfants, âgés de 5 mois à 9 ans, ont été traités à Los Angeles, Madrid et Londres. Les résultats ont été sans appel : tous sans exception ont vu leurs symptômes disparaître.
"Ces enfants ne sont plus définis par leur diagnostic, affirment les chercheurs dans un communiqué. Les voir en bonne santé, sans infections graves, sans hospitalisations fréquentes, est la preuve de l’efficacité de cette thérapie." Ils ajoutent : alors que "70 % des patients atteints de LAD-I grave meurent avant l’âge de trois ans [...] nous avons démontré, avec cet essai clinique, que le traitement est curatif".In 2020, the Langenhop siblings traveled from Ohio to LA, seeking care for Leukocyte Adhesion Deficiency-1 (LAD-1). All three underwent gene-modified stem cell transplants with Dr. Donald Kohn (@uclastemcell). Now, they're thriving. Read more: https://t.co/9gMjhppqxf pic.twitter.com/w50eDSNhGE
— UCLAMattelChildrens (@UCLAMCH) May 2, 2025
Une famille symbole d’espoir
Le parcours de la famille Langenhop, résidant aux Etats-Unis, incarne l’espoir de cette petite révolution thérapeutique. Se considérant comme "la famille la plus malchanceuse au monde", Alicia et Jon, porteurs sains, ont vu leurs trois enfants, Ava, Olivia et Landon, naître avec le syndrome LAD-I. Leur quotidien était ponctué d’urgences médicales et d’inquiétudes permanentes : "Chaque fièvre, chaque éruption cutanée, était terrifiante. Nous nous préparions constamment au pire", raconte Alicia. En 2020, ils quittent l’Ohio pour Los Angeles afin de participer à l’essai clinique. Aujourd’hui, les trois frères et sœurs ont repris une vie normale. "Ils ont traversé tant de choses ensemble, cela les a rendus plus forts", assure la maman.
Et maintenant ? Les neuf patients vont être suivis pendant 15 ans pour vérifier la durabilité des effets. "Tout indique que ce traitement sera définitif", estiment les scientifiques, tout en appelant à la prudence. Mais une question cruciale reste en suspens : son coût. Le prix des traitements de ce genre peut en effet atteindre cinq millions d’euros... Les chercheurs militent donc pour que des institutions publiques développent ces thérapies de façon non lucrative.