Sommeil
Trois mauvaises nuits suffisent pour abîmer le cœur
Mal dormir plusieurs fois d’affilée déclenche des mécanismes moléculaires associés à un risque accru de problèmes cardiaques.

- Par Sophie Raffin
- Commenting
- Viacheslav Peretiatko/istock
En moyenne, les Français dorment 6h42 en semaine et 7h25 de sommeil. Ce qui est en dessous des 7 à 9 heures recommandées par les professionnels de santé. Ces nuits plus courtes peuvent entraîner divers troubles. Et, les problèmes sont particulièrement visibles si les nuits trop courtes s’accumulent.
Une nouvelle étude de l’université d’Uppsala, publiée dans la revue Biomarker Research, montre que trois nuits consécutives de 4 heures favorisent l’apparition de protéines inflammatoires associées à un risque accru de maladies cardiaques.
Nuits trop courtes : des effets sur le coeur dès le plus jeune âge
Pour déterminer l’effet du manque de sommeil sur le cœur, les chercheurs ont réuni 16 jeunes hommes en bonne santé. Lors de la première phase de l’essai, ils dormaient normalement pendant trois nuits consécutives. Lors de la seconde, ils ne pouvaient passer qu’environ 4 heures dans les bras de Morphée, également durant 3 nuits d'affilée. Après chaque période, des prélèvements sanguins étaient effectués matin et soir, après un exercice physique intense de 30 minutes.
L’équipe a mesuré les taux de 90 protéines dans le sang. Elle a constaté que les concentrations de plusieurs d'entre elles, connues pour être associées à une inflammation, grimpaient quand les participants dormaient peu. Or, ces dernières ont été liées par le passé à un risque accru de maladies cardiovasculaires comme l'insuffisance cardiaque et les maladies coronariennes. C’est une des premières fois que ce phénomène est observé chez des jeunes.
"De nombreuses études de grande envergure sur le lien entre manque de sommeil et risque de maladies cardiovasculaires se sont généralement concentrées sur des personnes légèrement plus âgées, déjà exposées à un risque accru de maladies cardiovasculaires. C'est pourquoi il est intéressant de constater que les taux de ces protéines ont augmenté de la même manière chez des personnes plus jeunes et auparavant en parfaite santé après seulement quelques nuits de manque de sommeil. Il est donc essentiel de souligner l'importance du sommeil pour la santé cardiovasculaire, dès le plus jeune âge", remarque Jonathan Cedernaes, médecin et professeur à l'Université d'Uppsala, qui a dirigé l'étude.Manque de sommeil : l’activité physique peut aider, mais cela ne fait pas tout
Les analyses ont également montré que le taux des protéines liées aux effets bénéfiques de l’activité physique augmente après une séance de sport que le volontaire ait bien dormi ou pas. Ainsi, l’exercice est bon pour l’organisme que la personne manque de sommeil ou pas. "Il est important de souligner que les études ont aussi montré que l'exercice physique peut compenser au moins une partie des effets négatifs d'un mauvais sommeil. Toutefois, il est important de noter que l'exercice ne peut pas remplacer les fonctions essentielles du sommeil", précise Jonathan Cedernaes dans un communiqué.
Si l’expérience confirme que le manque de sommeil a un impact sur la santé cardiaque, les chercheurs reconnaissent que des recherches supplémentaires sont nécessaires. Elles devront entre autres vérifier si les effets des nuits trop courtes sur le cœur sont aussi visibles chez les femmes, les personnes âgées ainsi que les patients souffrant de maladies cardiaques ou ceux ayant des habitudes de sommeil différentes.
"Nous espérons que nos recherches en cours contribueront à élaborer de meilleures recommandations sur la manière dont le sommeil, l'exercice physique et d'autres facteurs liés au mode de vie peuvent être exploités pour mieux prévenir les maladies cardiovasculaires", ajoute le scientifique.