Hématologie

Myélofibrose secondaire : risque thrombotique augmenté

Les patients atteints de myélofibrose secondaire (MFS) présentent, comme les patients atteints d’autres syndromes myéloprolifératifs, une augmentation du risque thrombo-embolique. Le fait de recevoir un traitement cytoréducteur au moment du diagnostic semble avoir un effet protecteur.

  • Shidlovski/istock
  • 04 Avril 2023
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    Les facteurs de risque de thrombose sont bien identifiés dans les syndromes myéloprolifératifs (SMP) que sont la thrombocytémie essentielle (TE), la polyglobulie de Vaquez (PV) et la myélofibrose primitive (MFP). Ces patients ont un risque de 3 à 10 fois plus élevé de complications thrombo-emboliques en comparaison à la population générale, qui contribue à la morbi-mortalité des SMP. Le projet MYSEC (MYelofibrosis SECondary to PV and ET) est une étude internationale rétrospective qui inclut les patients atteints de MFS.

    Une population de MFS représentative

    Cette cohorte a inclus 1258 patients atteints de myélofibrose secondaire, dont 615 patients (48,9%) présentaient une MFS à une PV, et 643 (51,1%) à une TE. Une mutation JAK2 était retrouvée dans 100% des MFS-PV et 54% des MFS-TE ; parmi le reste de la population, 33% présentaient une mutation CALR, 9,7% une mutation MPL, et 4% étaient triple-négatifs.

    Par rapport aux MFS-TE, les patients MFS-PV présentaient une hyperleucocytose et un taux d’Hb plus haut, un taux de plaquettes plus bas, une splénomégalie et des symptômes constitutionnels plus importants. Concernant les traitements reçus, 56% de patients recevaient au moment du diagnostic une chimiothérapie conventionnelle (hydroxyurée seul ou en combinaison) et 16% un inhibiteur de JAK (ruxolitinib, essentiellement en monothérapie).

    Une population à risque de complications thrombo-emboliques

    Avec un suivi médian de 3,5 ans (min-max 1–21.4) après le diagnostic de MFS, 135 patients (10.7%) ont présenté une complication thrombo-embolique, ce qui confère une incidence de 2.3% patients par an.

    Parmi ces évènements, les deux tiers des thromboses (67,2%) étaient veineuses, et 38,4% étaient artérielles. Le risque est faible, mais non nul, en cas de thrombopénie, puisque 4 patients avec un taux de plaquettes <50 G/L ont présenté une thrombose au cours du suivi.

    Recevoir un traitement cytoréducteur diminue le risque thrombo-embolique

    Il ressort de l’analyse multivariée que le fait de recevoir un traitement cytoréducteur (hydroxyurée ou ruxolitinib) au moment de l’évolution en myélofibrose secondaire était associé à une diminution du risque absolu de thrombose de 3,3% dans les 3 ans.

    De manière intéressante, le diagnostic initial (PV ou TE), un antécédent thrombo-embolique, la présence d’une mutation JAK2 –associés à une augmentation du risque thrombotique dans les autres SMP- n’étaient pas des facteurs de risque identifiés dans cette série.

    Conclusion

    La myélofibrose secondaire, comme les autres SMP, est associée à un risque non nul d’évènements thrombo-emboliques. Le fait de recevoir un traitement cytoréducteur au moment de la transformation semble jouer un rôle protecteur.

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