Rhumatologie

VEXAS : un syndrome auto-inflammatoire pas si rare chez l'homme d'âge mûr

Le syndrome VEXAS, une nouvelle maladie auto-inflammatoire en lien avec une mutation génétique acquise, serait beaucoup plus fréquent qu'initialement imaginé, en particulier chez les hommes d'âge mûr. 

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  • 28 Janvier 2023
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    Le syndrome VEXAS (vacuoles, E1-ubiquitin-activating enzyme, X-linked, autoinflammatory, somatic) a longtemps été un mystère médical pour les médecins et les scientifiques. Cette nouvelle maladie auto-inflammatoire, liée à des mutations somatiques du gène UBA1, a été observée pour la première fois en 2020.

    Trois ans après, une équipe de la NYU Grossman School of Medicine en révèle plus sur ce trouble rare avec un taux de mortalité relativement élevé, à l’occasion d’une nouvelle étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

    Selon l'étude, aux États-Unis, environ 13.200 hommes et 2.300 femmes âgés de plus de 50 ans souffriraient du syndrome VEXAS. En France, en 2021, 116 cas avaient été recensés, là aussi avec une majorité d’hommes (96 %), d’un âge médian de 71 ans, selon un article de La Revue de Médecine Interne.

    Quels sont les symptômes du VEXAS ?

    Les patients atteints du syndrome VEXAS ont des manifestations rhumatologiques, hématologiques, dermatologiques et pulmonaires attribuées à l'inflammation et portent divers diagnostics cliniques, dont la polyartérite noueuse, la polychondrite récidivante, l'artérite à cellules géantes, le syndrome de Sweet et le syndrome myélodysplastique. Jusqu'à la moitié des patients atteints de VEXAS meurent dans les cinq ans suivant le diagnostic.

    Les symptômes les plus courants comprennent des fièvres apparemment inexplicables et une hypoxémie. Certains symptômes de VEXAS ont un lien avec un système immunitaire hyperactif, ce qui peut entraîner une inflammation. C’est pourquoi les médecins considèrent le syndrome comme une maladie auto-immune.

    Quelles sont les risques d'avoir un syndrome VEXAS ?

    Sur le plan statistique, les données de l’étude indiquent qu'un homme américain âgé sur 4.269 (plus de 50 ans) et une femme âgée sur 26.238 ont déjà ou sont susceptibles de développer le syndrome. Les auteurs de l'étude soulignent que ces chiffres sont plus élevés que de nombreuses autres affections inflammatoires, telles qu'une vascularite et le syndrome de dysplasie myéloïde.

    Pour arriver à ces estimations, l'équipe de recherche a évalué les dossiers médicaux électroniques des patients adultes qui se sont portés volontaires pour participer à l'initiative de santé communautaire "Geisinger MyCode". Ce programme recueille des données depuis plus de 25 ans auprès des patients des plus de 10 hôpitaux de Geisinger dans le centre et le nord-est de la Pennsylvanie aux États-Unis. Presque tous les patients qui ont accepté de faire tester leur ADN étaient caucasiens et la moitié avaient plus de 60 ans.

    Une inflammation systémique persistante et inexpliquée avec anémie et thrombopénie

    Dans l'ensemble, l'équipe de recherche de NYU Grossman espère que leurs découvertes contribueront à sensibiliser les médecins et le public à ce syndrome méconnu. Surtout, les chercheurs ajoutent que les stéroïdes à forte dose, les inhibiteurs de JANUS kinase et la greffe de moelle osseuse se sont tous avérés efficaces pour contrôler certains symptômes associés au VEXAS.

    "Maintenant que nous savons que le syndrome VEXAS est plus courant que de nombreux autres types d'affections rhumatologiques, les médecins doivent ajouter cette affection à leur liste de diagnostics potentiels lorsqu'ils sont confrontés à des patients présentant une inflammation persistante et inexpliquée et un faible nombre de cellules sanguines, ou une anémie", déclare le généticien et chercheur principal de l'étude, David Beck, dans un communiqué de presse.

    À l'avenir, le Dr Beck et son équipe prévoient d'analyser les dossiers des patients dans des groupes plus diversifiés, en particulier parmi ceux qui présentent des taux plus élevés de maladies rhumatologiques et hématologiques. Ils espèrent que cela favorisera une meilleure compréhension de quelles sont les personnes sont les plus à risque de syndrome VEXAS. Les chercheurs veulent également continuer à rechercher des causes génétiques supplémentaires, tester de nouvelles thérapies pour le traitement et même développer un test sanguin pour UBA1 afin de faciliter le diagnostic.

     

     

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