LDL Cholestérol

Les statines : le Lancet clôt la polémique

3 ans après la parution du livre polémique d’Even, le Lancet publie une vaste revue qui montre que les bénéfices des statines sont largement supérieurs à leurs risques.

  • Dimensions[ 568*376 ]:
  • 12 Septembre 2016
  • A A

    Pour ceux qui auraient encore des doutes, la " Review" publiée dans le Lancet les lève sans ambiguité :  en reprenant plus de 300 études, cette revue met à plat toutes les données scientifiques dont on dispose aujourd’hui sur les statines. Conclusion : leurs bénéfices sont largement confirmés et leurs effets secondaires à minorer par rapport à ceux rapportés dans les études observationnelles.

    A sa sortie en février 2013, le livre très polémique de Philippe Even conteste l’intérêt, pourtant démontré scientifiquement, des statines en prévention cardiovasculaire. Le doute est semé et de nombreux patients arrêtent leur traitement. Septembre 2016, le Lancet  souhaite clore scientifiquement la polémique. Et la préstigieuse revue y met le paquet : 30 pages, 300 études passées au crible, 140 000  patients analysés… 

    Première question que l'on se pose, celle de la prise en charge des travaux. C'est le Medical Research Concil ( MRC) anglaisqui coordonne des recherches  réalisés par le très connu et " au-dessus de tout soupçpn" Oxford métaanalyse Groupe". Et leur conclusion est très claire selon le Pr Eric  Bruckert.

    Ecoutez...
    Eric Bruckert, chef du service d’endocrinologie et de prévention des maladies cardiovasculaires à la Pitié Salpétrière à Paris. "Cette étude est pertinente. Les effets bénéfiques des statines, qui n'ont pas été remis en question, sont rappelés et les efffets secondaires sont analysés avec critique de la surinterprétation des données d'observation qui exagèrent de façon majeure leur fréquence sans  forcement de liens de causalité."

     Et il est précisé par exemple du côté des bénéfices, que  baisser de 2 milimoles par litre le LDL Cholestérol  avec une statine permet d’éviter 1400  accidents cardiovasculaires chez des personnes à très haut risque. 

    Rentabilité majeure

    Donc la rentabilité du traitement est majeure quand le risque cardiovasculaire est élevé. Reste à savoir à  quel prix, avec quels effets secondaires en particulier sur les muscles. Selon la revue du Lancet, si on reprend ces 10 000 patients traités pendant 5 ans, les auteurs retrouvent 5 cas de myopathie dont un avec risque de rhabdomyolyse, 5 à 10 cas d’AVC hémorragique et 50 à 100 nouveaux cas de diabète. Des diabètes qui pour la plupart sont apparus peu après le début du traitement et, de plus, chez des patients à risque vis-à-vis de cette affection.

    Autre effet secondaire souvent rapporté dans les études observationnelles, l'impact des statines sur la fonction cognitive et la mémoire. Eric Brucker : 

    Ecoutez...
    Eric Brucker : « Les 3 études qui ont porté sur ces points montrent qu'il n'y a aucun signal en terme de mémoire et de fonction cognitive en lien avec les statines."

    Pour les médecins qui ne sont pas encore convaincus ou qui ont du mal à convaincre leurs patients, il ne reste qu’à appliquer le conseil du Pr Brucker. 

    Ecoutez...
    Eric Brucker  : « Cette revue est un condensé remarquable de l'état actuel des connaissances. Il faut convaincre les patients à haut risque...»

     

    Les arrêts de statine sont plus fréquents chez les risques CV faibles

    3 ans après la parution du livre polémique, on dispose d’études qui ont évalué de son impact en particulier sur les arrêts de prise de statine qu’il a pu induire. Différentes études ont été réalisées, dont celle du Pr Nicolas Danchin, HEGD Paris, dans les mois qui ont suivi la sortie du livre d'Even. Elle avait montré que près de 25 % des patients qui étaient en prévention primaire, avaient l’intention d’arrêter leur statine; ils étaient plus de 8% en prévention secondaire. Mais cette étude portait sur un petit échantillon de 142 patients, qui déclaraient " avoir l'intention d’arrêter".

    Depuis, d’autres recherches ont été menées en particulier au CHU de Bordeaux où le Pr Nicholas MOORE et son équipe ont calculé la proportion de patients qui ont réellement arrêté leur statine. Cette étude s’est basée sur l’EGB, c’est à dire l’Echantillon Généraliste des Bénéficiaires de l’Assurance maladie qui constitue un échantillon représentatif de 650 000 personnes. L’arrêt effectif des statines a été évalué dans les 9 mois qui ont suivi la publication du livre d’Even et a été comparé aux taux d’arrêt de ces mêmes traitements dans les 2 années précédentes. Les résultats avec Nicholas MOORE, CHU de Bordeaux.

    Ecoutez...
    Nicholas MOORE,  : « Sur 30 000 patients étudiés, il y a eu une augmentaion globale de 40% du nombre d'arrêts des statines entre 2012 et 2013.....»

    Effectivement, le nombre d’arrêts est plus important chez les patients à risque faible :  il est de 19% avec une augmentation de 50% par rapport à l’année précédente, contre plus de 7% dans le groupe à haut risque avec une augmentation de 15% par rapport à l’année précédente aussi.

    La question qui se pose est de savoir si ces arrêts ont eu un impact en terme de mortalité. La 1ère étude ne peut conclure, elle a mis en évidence une augmentation des décès par rapport aux années précédentes sans pour autant en préciser la cause. C’est l’objectif d’une autre étude en cours.

    Mais ce qui et surprenant c’est la rapidité de l’apparition des effets délétères potentiellement liés à l’arrêt des statines. Un effet lié aux statines elles-mêmes.

    Ecoutez...
    Nicholas MOORE

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.