Dermatologie
Pelade sévère : un inhibiteur de JAK marcherait chez plus de 2 malades sur 5
Dans les formes sévères de pelade (alopecia areata), les inhibiteurs des JAK semblent améliorer nombre de malades.
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La pelade (alopecia areata) est une dermatose auto-immune caractérisée par une perte rapide des cheveux du cuir chevelu, des sourcils et des cils, et pour laquelle les traitements sont limités. Comme les JAK jouraient un rôle dans la signalisation intracellulaire des cytokines impliquées dans l'immunopathogénie de la pelade, les inhibiteurs des JAK sont testés de cette maladie
Près de 40% des adultes atteints de pelade sévère traités par baricitinib, un inhibiteur oral des Janus kinases (JAK) 1 et 2, voient leurs cheveux, leurs sourcils et leurs cils repousser de manière significative sur 52 semaines, selon les résultats actualisés de deux essais de phase 3 présentés lors du congrès annuel de l'American Academy of Dermatology 2022 à Boston (résultats poolés à 52 semaines), et également publiés dans le New England Journal of Medicine (résultats poolés à 36 semaines).
Une analyse combinée
Dans deux essais de phase 3 impliquant des patients atteints de pelade sévère, le baricitinib oral est supérieur au placebo en ce qui concerne la repousse des cheveux à 36 semaines. Le pourcentage estimé de patients ayant un score SALT de 20 ou moins à la semaine 36 (soit une couverture du cuir chevelu de 20% ou moins) est de 38,8% sous baricitinib 4-mg, 22,8% sous baricitinib 2-mg et 6,2% sous placebo dans l'étude BRAVE-AA1 et de 35,9%, 19,4% et 3,3%, respectivement, dans l'étude BRAVE-AA2.
Dans l'étude BRAVE-AA1, la différence entre le baricitinib à 4 mg et le placebo est de 32,6 points de pourcentage (IC à 95%, 25,6 à 39,5), et la différence entre le baricitinib à 2 mg et le placebo est de 16,6 points de pourcentage (IC à 95%, 9,5 à 23,8) (p<0,001 pour chaque dose par rapport au placebo). Dans l'étude BRAVE-AA2, les valeurs correspondantes sont de 32,6 points de pourcentage (IC à 95%, 25,6 à 39,6) et de 16,1 points de pourcentage (IC à 95%, 9,1 à 23,2) (P<0,001 pour chaque dose par rapport au placebo).
Lors de la présentation du follow-up à 52 semaines de ces résultats à l'American Academy of Dermatology 2022 à Boston, ces résultats se maintiendraient.
Bénéfices sur les sourcils et les cils
Les résultats sur les critères secondaires sont en faveur du baricitinib par rapport au placebo à la dose de 4 mg, mais pas à la dose de 2 mg : la croissance des sourcils et des cils s’améliore à 36 semaines, environ 31% à 35% des patients ayant reçu 4 mg de baricitinib ont une repousse de leurs sourcils et de leurs cils. Cette repousse s’améliorerait également entre 36 et 52 semaines dans les deux groupes avec plus de 40% des patients qui ont une repousse de leurs sourcils et de leurs cils (45,3%).
Une acné, des taux élevés de CPK et des taux élevés de LDL et de HDL-sont plus fréquents sous baricitinib que sous le placebo. Les infections les plus fréquemment rapportées sont une pneumonie, un zona et une infection des voies urinaires. Les autres infections opportunistes signalées au cours de l'essai comprennent la tuberculose, l'herpès zoster, la candidose œsophagienne, la pneumocystose, l'histoplasmose aiguë, la cryptococcose, le cytomégalovirus.
Deux essais randomisés
Tous les patients recrutés dans les deux essais, appelés BRAVE-AA1 (n=654) et BRAVE-AA2 (n=546), avait une pelade (alopecia areata) sévère, définie par un score SALT (Severity of Alopecia Tool) ≥ 50, soit une couverture du cuir chevelu de 50% ou moins. Le score varie de 0 (aucune perte de cheveux) à 100 (perte totale de cheveux).
Le critère d'évaluation principal était un score SALT ≤ 20 (couverture de 80 % du cuir chevelu par les cheveux).
Les chercheurs ont regroupé les données des deux essais cliniques, avec un recrutement combiné de 1200 personnes, pour les résultats sur 52 semaines, ceux qui ont été présentés lors du congrès de l’AAD. Le groupe placebo a été arrêté à 36 semaines, et ces patients ont été réaffectés de manière aléatoire aux groupes de traitement par baricitinib de 4 mg ou de 2 mg en une prise quotidienne. Les malades résistants aux inhibiteurs de JAK ont été exclus de l’étude.
Une maladie qui préserve le follicule pileux
La pelade, ou alopecia areata, est une maladie auto-immune dans laquelle les cellules immunitaires attaquent les follicules pileux, entraînant la chute des cheveux. Tous les follicules pileux peuvent être attaqués, mais ils sont rarement détruits, de sorte que les cheveux peuvent repousser si un traitement marche (corticothérapie et immunosuppresseurs). Les épisodes légers d'une durée de moins de 12 mois peuvent se résorber spontanément, mais une pelade étendue a peu de chances de guérir sans traitement.
Les cytokines qui sont impliquées dans la pathogenèse, notamment l'interféron-γ et l'interleukine-15, dépendent des Janus kinases (JAK) pour la signalisation intracellulaire. Le baricitinib, un inhibiteur oral, sélectif et réversible des Janus kinases 1 et 2, peut interrompre la signalisation des cytokines impliquées dans la pathogenèse de la pelade. Ce type de traitement représente une avancée incontestable de l’aveux des experts consultés même s’il est nécessaire de confirmer ces résultats dans la durée et s’il faut remarquer que les malades qui n’avaient pas répondu à un inhibiteur de JAK précédent avaient été exclus des études.











