Oncologie

Couple : l'équilibre conjugal à l'épreuve du cancer

Après un cancer du sein, les crises de couple sont marginales. Dans l’immense majorité des cas, c’est la cohésion qui prévaut. Mais les crises s’aggravent lorsque le couple traversait déjà une passe difficile.

  • 20 Octobre 2015
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    Le cancer du sein touche le symbole de la féminité : la poitrine. Le traitement, qui se solde souvent par l’ablation d’un sein, affecte l’image en profondeur. A l’occasion d’Octobre Rose, nous nous sommes intéressés aux conséquences du traitement chirurgical et médicamenteux sur la vie de couple. Car si les divorces sont marginaux, la maladie impose souvent de réinventer l'équilibre conjugal.

    Les femmes désavantagées

    La littérature scientifique est assez partagée sur l’issue d’un cancer pour un couple. Entre ces deux éléments, aucun lien n’existe, conclut une étude de cohorte parue dans le British Journal of Cancer. Une autre a abouti au même résultat, mais elle observe tout de même que les crises s’aggravent lorsque le couple traversait déjà une passe difficile au moment du diagnostic. « Dans la majorité des cas, la maladie renforce les liens du couple, ou elle ne les modifie pas de façon notable », observe Yolande Arnault, psychologue clinicienne au Centre de lutte contre le cancer Paoli-Calmettes (Marseille). Le diagnostic serait en fait le révélateur d'une crise déjà présente. Il aurait, dans le pire des cas, tendance à exacerber une tension qui existait avant la maladie.
    Reste que les femmes sont particulièrement désavantagées face aux séparations. C'est ce que nous explique une publication dans Cancer, qui a comparé l'impact d'un diagnostic sur le couple selon le sexe du malade. 11,6 % des personnes mariées au moment du diagnostic ont fini par divorcer 3 ans après. Une issue qui est 6 fois plus fréquente lorsque l'épouse est malade. Si la tumeur touche le sein, poser la question d'un lien de cause à effet semble d’autant plus évident.

    Nouvelle apparence

    Chaque année, 20 000 femmes subissent une mastectomie. Mais seules 15 % d’entre elles bénéficieront d’une reconstruction. Les autres, les « Amazones », doivent poursuivre avec cette asymétrie... et donc accepter cette nouvelle apparence. Pour autant, il ne faut pas sombrer dans l'idée que la femme est victime de la double peine : l'homme n'est pas toujours à l'initiative de la séparation. La femme peut elle aussi prendre l'initiative de briser le couple.

    Un équilibre à repenser

    Au-delà du changement du corps, les traitements affectent la sexualité d’une femme sur le long terme. Thérapie hormonale, chimiothérapie et antidépresseurs diminuent la libido, provoquent une sécheresse vaginale, avec des conséquences réelles sur la vie de couple. Ne serait-ce que parce que les hommes ont peur de faire du mal à leur conjointe. C’est donc un équilibre du couple qui est à repenser.
    Dans tous les cas, la communication au sein du couple est affectée par la maladie. Le rôle du psychologue, au-delà du soutien du malade, est alors de libérer les échanges. « Il y a des couples qui n’en parlent pas parce que chacun se protège, ou des couples qui ont une parole plus libre, précise Yolande Arnault. On encourage toujours la possibilité d’aborder librement la maladie. Quand on arrive à mettre des mots sur ce qui se passe, on arrive à s’organiser. » Mais tout n’est pas sombre. Les crises de couple sont marginales : dans l’immense majorité des cas, c’est la cohésion qui prévaut.

    Early-stage breast cancer is not associated with the risk of marital dissolution in a large prospective study of women

    V S Laitala, T Saarto, E K Einiö, P Martikainen and K Silventoinen

     

     

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