Diabétologie

Diabète de type 1 : qualité du sommeil et variabilité glycémique

L’environnement joue un rôle dans le diabète, le sommeil aussi. Preuve en est les résultats d’une étude récente : une mauvaise qualité de sommeil est associée à une plus grande variabilité glycémique.

  • 23 Novembre 2021
  • A A

    Alors que la variabilité glycémique devient un objectif glycémique quantifiable depuis l’avènement de la surveillance glycémique en continu, la relation entre qualité du sommeil et variabilité glycémique nocturne n’a pas été étudiée. Dans une étude monocentrique incluant 20 patients avec pompe à insuline, une équipe de l’université de Chicago a étudié cette relation à partir d’une mesure objective de la qualité du sommeil, et d’une mesure en continu de la glycémie. En analysant 170 nuits, une mauvaise qualité du sommeil est associée à une plus grande variabilité glycémique, en prenant en compte le sexe, l’âge, l’IMC et la dose d’insuline nocturne.

    La variabilité glycémique, mais pas le temps dans la cible, associée à la qualité du sommeil

    La variabilité de la glycémie a été évaluée sur deux critères, et les deux sont augmentés en cas sommeil de mauvaise qualité :  écart type (SD, coefficient  0.39 [0,10-0,67], p = 0,009) et coefficient de variation (CV, coefficient 4,35 [0,8-7,9], p = 0,02). En revanche, ni le temps dans la cible (0,70 – 1,80 g/L), ni le temps en hyperglycémie, ni le temps en hypoglycémie, n’étaient associés à la qualité du sommeil.

    Les patients inclus avaient en moyenne 30 ans ± 10 ans, avec un IMC de 29 kg/m² ± 7 kg/m² : 5 patients en surpoids, 5 obèses. L’âge et l’IMC étaient inversement associés à la qualité du sommeil, mais étaient pris en compte dans l’analyse de l’association entre qualité du sommeil et variabilité glycémique.

    Enfin, après presque 16 ans d’évolution, le diabète était en moyenne très bien équilibré : HbA1c 6,6 ± 0,7%, avec une HbA1c inférieure à 7 % chez 16 des 20 patients. En particulier la nuit, le temps dans la cible était de 68 % en moyenne.

    Des mesures rigoureuses de la qualité du sommeil et de la glycémie

    Un intérêt de cette étude est l’appel à une mesure objective de la qualité du sommeil. En effet, plusieurs études ont démontré qu’une auto-évaluation est associée à une sur- ou sous-estimation de la qualité du sommeil, diminuant la puissance de l’association. La qualité du sommeil était ici évaluée à partir d’un électro-encéphalogramme, de mesures du temps du sommeil et des réveils, du délai d’endormissement, et des phases du sommeil (3 phases estimées à partir de l’EEG). A partir de ces critères, 51 % des nuits ont été qualifiées de bonne qualité (n=86), et 49 % de mauvaise qualité (n=84).

    Concernant la glycémie, elle était mesurée par Dexcom G4, G5 ou G6, chaque patient gardant son appareil habituel, avec leurs réglages d’alarmes.

    Impact thérapeutique à évaluer chez des patients moins bien équilibrés

    Cette étude démontre donc clairement l’association entre qualité du sommeil et variabilité glycémique. D’autres études sont nécessaires pour préciser le sens de cette relation, éventuellement bidirectionnelle : est-ce la variabilité glycémique qui influe la qualité du sommeil, et/ou bien l’inverse ? Surtout, l’absence d’association avec le temps dans la cible pourrait diminuer l’impact de cette association dans la prise en charge thérapeutique. Cependant, elle devrait être évaluée chez des patients présentant un diabète moins bien équilibré, chez qui l’on recherche effectivement des facteurs associés à un temps dans la cible en-dessous de l’objectif.

     

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.