Infectiologie

Covid-19 : quel est le profil des personnes vaccinées qui s’infectent malgré tout ?

Après une vaccination complète, il est essentiel de déterminer le profil de risque des personnes les plus susceptibles de développer une forme grave de la Covid-19. C’est crucial pour en limiter le nombre en France et d’atténuer au mieux l'impact de cette pandémie.

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  • 09 Septembre 2021
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    Pour les personnes entièrement vaccinées, le risque d'être hospitalisé ou de mourir à cause du Covid-19 est très faible et bien plus faible que chez les personnes non vaccinées. Mais pour ces rares cas, les données suggèrent que ce sont les adultes les plus âgés et ceux qui ont de multiples comorbidités qui sont les plus exposés à une forme grave.

    Dans une étude en vie réelle sur près de 1000 personnes avec infection confirmée, publiée dans The Lancet Infectious Disease, seules 5,5% des personnes vaccinées ont été hospitalisées avec une infection Covid-19 et 46% ont été admises à l'hôpital pour un diagnostic non lié au Covid-19 (sans symptôme infectieux), mais dont le test PCR systématique pour le SARS-CoV-2 s’est révélé positif.

    Au final, parmi les patients complètement vaccinés et néanmoins hospitalisés pour infection (54), 7% avaient une forme légère, 20% une forme modérée et 26% une forme grave ou critique (soit 1,4% des 969 patients hospitalisés avec au moins une dose de l’étude). L’âge moyen de ces formes graves était de plus de 80 ans et plus de la moitié avaient une surcharge pondérale, un diabète, une maladie cardiovasculaire ou pulmonaire, un cancer et/ou prenaient un traitement immunosuppresseur.

    Risque inférieur à 1 sur 13 000

    Au 30 août, selon CNN, les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont identifié 12 908 formes graves de Covid-19 chez des personnes entièrement vaccinées (c’est-à-dire des infections ayant entraîné une hospitalisation ou un décès). Rapportés au plus de 173 millions de personnes qui étaient entièrement vaccinées à cette date aux USA, cela représente un risque inférieur à 1 sur 13 000 d’avoir une forme grave de Covid-19 quand on est vacciné.

    Selon ces données, environ 70% de ces cas entraînant une hospitalisation et environ 87% de ces cas entraînant un décès concernaient des adultes de 65 ans et plus. Ces chiffres du CDC sont basés des déclarations volontaires des États et peuvent être incomplets, mais ils sont cohérents avec de nombreuses études.

    Le poids de l’âge et des comorbidités

    Par exemple, selon une large étude préliminaire des CDC, les adultes non-vaccinés aux États-Unis ont 17 fois plus de risques d'être hospitalisés pour le Covid-19 que les adultes entièrement vaccinés. Surtout, les patients qui sont néanmoins hospitalisés malgré une vaccination complète ont tendance à être plus âgés et plus susceptibles de présenter au moins trois comorbidités (obésité, maladie cardiovasculaire ou pulmonaire, diabète). Une confirmation d’un profil à risque donc.

    Parmi les adultes vaccinés qui ont été hospitalisés à la suite d'une infection en dépit de la vaccination, l'âge médian est de 73 ans et environ 71% d'entre eux a au moins trois pathologies sous-jacentes, notamment le diabète, une maladie cardiovasculaire et/ou une maladie auto-immune. A l’inverse, les patients non-vaccinés et hospitalisés pour la Covid-19 seraient plus jeunes (âge médian de 59 ans) et auraient moins fréquemment trois pathologies sous-jacentes ou plus (56% environ).

    Un profil à risque classique

    Les cas de personnes hospitalisées en dépit d’une vaccination complète sont donc rares et les caractéristiques démographiques de ces personnes sont similaires à celles qui risquent habituellement de contracter une forme grave de la Covid-19. Mais ces cas peuvent devenir de plus en plus fréquents au fur et à mesure qu’apparaissent des variants de plus en plus contagieux ou que la protection vaccinale s’estompe au fil du temps.

    Il est, en effet, possible que la diminution de la protection vaccinale avec le temps soit également plus importante dans ces populations à haut risque. C'est pourquoi la HAS, la FDA et Israël, lorsqu'ils ont annoncé leur plan de rappel visant à administrer une troisième dose, se sont concentrés initialement sur les personnes âgées. Mais pour enrayer l'épidémie, il faut surtout s'efforcer d'atteindre la population non vaccinée. Israël, longtemps leader de la vaccination, est désormais en retard et a un énorme « trou dans sa raquette » : près de 20% de la population adulte refuse de se vacciner pour motifs religieux ou autres. La France essaye de combler son retard en allant chercher à domicile les personnes non-vaccinées les plus âgées.

    Le variant Delta rehausse les objectifs

    Selon un expert interviewé par CNN, le variant Delta est si transmissible qu’il faudrait atteindre 85 à 90% de la population totale vaccinée (ou immunisée) pour en limiter la circulation et garder les hospitalisations à un faible niveau. Avec au moins 10% de la population française déjà infectée (près de 7 000 000 de cas rapportés) et près de 70% vaccinée, nous ne sommes pas très loin de cet objectif, mais les dernières personnes sont bien sûr les plus difficiles à vacciner.

    Si les efforts actuels ne nous permettent pas d’atteindre 80% de la population Française complètement vaccinée, il faudra envisager la vaccination obligatoire des récalcitrants. Ceux-ci sapent les efforts de tous et il n’est pas question de faire porter sur les jeunes enfants une (faible) charge vaccinale que des adultes responsables devraient assumer.

    Mais aussi efficaces que soient les vaccins, avec l'émergence de variants de plus en plus contagieux, il va falloir continuer à prendre des mesures de protection individuelles et collectives comme le port du masque en intérieur et la distanciation sociale.

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