Rhumatologie

Rhumatismes inflammatoires : pas de poussées après la vaccination Covid-19 à ARNm

Chez des malades souffrant de rhumatismes inflammatoires et qui ont reçu les deux doses de vaccins Covid-19 à ARNm, les résultats rassurants d’une large étude observationnelles peuvent éclairer les discussions avec les malades hésitants à se faire vacciner.

  • Inside Creative House/istock
  • 11 Août 2021
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    Au cours des rhumatismes inflammatoires, les poussées évolutives post-vaccinales de la maladie seraient rares après la vaccination à ARNm contre la Covid-19 selon une large étude observationnelle publiée dans Arthritis & Rheumatology.

    Parmi les 1 377 patients qui ont reçu deux doses d'un vaccin à ARNm contre le SARS-CoV-2, seulement 11% ont signalé une poussée évolutive de leur maladie sous-jacente nécessitant un traitement. Ces poussées inflammatoires pourraient être associées à des facteurs de risque et ont été simples à maîtriser.

    Premiers résultats sur une large cohorte

    Peu de patients souffrant de rhumatismes et de maladies musculo-squelettiques inflammatoires ont été inclus dans les essais cliniques des vaccins contre la Covid-19. Ceci a pu être responsable d'hésitations à la vaccination chez ces patients, ceux-ci ayant exprimé des inquiétudes quant au déclenchement éventuel d’une poussée évolutive de leur maladie.

    Une étude observationnelle prospective chez des patients atteints de rhumatismes et de maladies musculo-squelettiques inflammatoires et ayant reçu les deux doses de vaccins à ARNm contre la Covid-19 a donc été menée via un questionnaire détaillé avec trois évaluations : 7 jours après chaque dose, et un mois après la deuxième dose.

    Des poussées facilement contrôlables

    Chez 56% des patients, une poussée évolutive de la maladie était survenue au cours des 6 mois précédant la première dose du vaccin.

    Parmi les 151 malades qui ont eu une poussée inflammatoire après la vaccination (11%), celle-ci s'est produite après la deuxième dose chez 60% d'entre eux, avec une aggravation des symptômes préexistants chez 91% des patients et l'apparition de nouveaux symptômes chez 72%.

    La durée typique de la poussée a été de 10 jours et le traitement a consisté en des corticoïdes oraux chez les trois quarts des patients. Aucun n'a eu besoin d'être hospitalisé ou de recevoir un traitement intraveineux pour cette poussée évolutive de la maladie.

    Des facteurs de risque de poussée

    Les facteurs associés à une poussée évolutive nécessitant un traitement seraient les suivants : diagnostic préalable d’infection à SARS-CoV-2 (IRR=2,09 avec IC à 95 % 1,21-3,60) ; poussée évolutive préalable dans les 6 mois précédant la vaccination (IRR=2,36 ; IC à 95 % 1,66-3,36) ; traitement combiné (IRR=1,95 ; IC à 95 % 1,41-2,68).

    En revanche, une réduction du risque de poussée inflammatoire serait associée à un traitement DMARD classique seul (IRR=0,52 ; IC à 95 % 0,34-0,80) ou à une monothérapie biologique (IRR=0,60 ; IC à 95 % 0,39-0,93).

    Peu d’effets indésirables sérieux

    Les effets indésirables du vaccin comprenaient une douleur au point d'injection chez 87% des patients après la première dose et chez 86% après la deuxième dose, ainsi qu’une fatigue, signalée par 60% et 80% des patients après la première et la deuxième dose, respectivement. Les autres réactions après la deuxième dose comprenaient des céphalées, des myalgies et des frissons.

    Les événements suffisamment sévères pour interférer avec les activités quotidiennes étaient peu fréquents et incluaient une myalgie dans 11% des cas et une fatigue dans 19% des cas.

    Large représentation des malades

    L'âge médian des participants était de 47 ans, plus de 90% étaient des femmes et 10% n'étaient pas caucasiens. Le diagnostic le plus fréquent était la polyarthrite rhumatoïde (47% des participants), suivie du lupus érythémateux disséminé (20%) ; un plus petit nombre de patients ont déclaré une vascularite, une sclérodermie et une connectivite mixte.

    La moitié des patients suivaient un traitement combiné associant une biothérapie et un traitement de fond classique, avec ou sans corticoïdes, 26% prenaient un traitement de fond classique seul, 22% étaient traités par une biothérapie seule et les autres recevaient un immunomodulateur ou un corticoïde en monothérapie.

    Des biais évidents de recrutement

    Selon les auteurs, l'augmentation du risque de poussée évolutive chez les patients sous traitement combiné ou ayant eu une poussée au cours des 6 derniers mois « pourrait être le témoin d'une maladie plus sévère au départ et la relation avec la vaccination n'est donc pas claire ».

    En outre, étant donné que 3% des patients ont déclaré avoir déjà eu une infection par le Covid-19, « il y avait une association positive entre une infection antérieure par le SARS-CoV-2 et une poussée, ce qui peut suggérer un amorçage immunologique ».

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