Infectiologie
Covid-19 : le traitement anticoagulant sauve réellement des vies
La mise en route précoce d’une anticoagulation prophylactique chez les patients admis à l'hôpital pour une Covid-19 est associée à une diminution de leur risque de mortalité à 30 jours sans augmentation du risque d'événements hémorragiques graves.
- Robocop/istock
Dès les premiers temps de l’épidémie, les médecins se sont aperçus que le traitement anticoagulant par héparine permettait de réduire la mortalité des malades hospitalisés, mortalité liée à une fréquence inhabituelle de thromboses veineuses et artérielles. Ce traitement a donc été utilisé sans réalisation préalable d'études randomisées et il a depuis été difficile de mettre en place des études versus placebo.
Une étude observationnelle nationale sur des anciens combattants américains permet de quantifier l’importance de l’effet du traitement anticoagulant prophylactique chez les patients admis à l'hôpital pour une Covid-19. L'initiation précoce (dans les 24 heures suivant l'admission) d'une anticoagulation prophylactique, est associée à une réduction du risque relatif de mortalité à 30 jours pouvant atteindre 34% et à une réduction du risque absolu de 4,4% par comparaison à l'absence d'anticoagulation.
Une étude observationnelle nationale
Sur 4 297 patients admis à l'hôpital avec le covid-19, 3 627 (84,4%) ont reçu une anticoagulation prophylactique dans les 24 heures suivant leur admission. Plus de 99% (n=3600) des patients traités ont reçu de l'héparine ou de l'énoxaparine par voie sous-cutanée.
622 décès sont survenus dans les 30 jours suivant l'admission à l'hôpital, dont 513 parmi ceux qui ont reçu une anticoagulation prophylactique. La plupart des décès (510/622, 82 %) sont survenus pendant le séjour à l'hôpital.
En utilisant une probabilité inverse pondérée sur le traitement, l'incidence cumulative de la mortalité à 30 jours est de 14,3% (intervalle de confiance de 95 % : 13,1 à 15,5%) chez ceux qui avaient reçu une anticoagulation prophylactique et de 18,7% (15,1 à 22,9%) chez ceux qui n'en avaient pas reçu.
Réduction du risque sans surcroît d’hémorragies
Par rapport aux patients qui n'ont pas reçu d'anticoagulation prophylactique, ceux qui en ont reçu une ont vu leur risque de mortalité à 30 jours diminuer de 27% (rapport de risque de 0,73, IC à 95% : 0,66 à 0,81). Des associations similaires sont constatées pour la mortalité des patients hospitalisés en cas d'initiation d'une anticoagulation à dose thérapeutique.
Cette anticoagulation prophylactique n’est pas associée à un risque accru d'hémorragie nécessitant une transfusion (rapport de risque de 0,87, 0,71 à 1,05).
Démonstration du bénéfice en vie réelle
Ces résultats fournissent des preuves concrètes solides pour appuyer les recommandations sur l'utilisation de l'anticoagulation prophylactique comme traitement initial pour les patients atteints de covid-19 lors de leur admission à l'hôpital.Ce sur-risque de thrombose veineuse et artérielle, parfois sur artères saines, pourrait être en rapport avec une endothélite à SARS-CV-2 secondare à une diffusion du virus dans les cellules endothéliales et à leur destruction.
A ce stade de l’épidémie, des études randomisées ont démontré la supériorité du traitement par héparine à des efficace versus le traitement à dose prophylactique. Des études randomisées versus placebo sont en cours de publication











