Cardiologie
Péricardite récidivante : démonstration de l’efficacité d’un anti-IL1
En cas de péricardite récidivante, l’utilisation d’un anti-IL1 contrôle rapidement les récidives avec une efficacité 10 fois supérieure au placebo.
- Shidlovski/istock
Environ 15 à 30% des malades souffrant de péricardite idiopathique ont une récidive après un premier épisode, et ce malgré les traitements comme la colchicine. A ce stade, des options thérapeutiques disponibles sont limitées. C’est le cas des corticoïdes qui sont à risque d’effets secondaires en raison de l'immunosuppression et des événements indésirables graves qui sont associés à une utilisation sur le long terme.
L'interleukine-1 est un des médiateurs impliqués au cours la péricardite récidivante. L'efficacité et la tolérance du rilonacept, un anti-interleukine-1 (de type IL-1 alpha et IL-1 bêta TRAPS) et de l'interleukine-17, ont été étudiées dans un essai de phase 2 impliquant des patients souffrant de péricardite récidivante.
Chez les patients souffrant de péricardite récidivante, le rilonacept permet une résolution rapide des épisodes de péricardite récurrente et une réduction significative du risque de récidive de péricardite par rapport à un placebo. L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.
Réduction des récidives
Au total, 61 patients ont été randomisés. Pendant la période randomisée de suppression du traitement standard, il y a eu trop peu de récidives dans le groupe rilonacept pour permettre de calculer le temps médian avant la première récidive ; le temps médian avant la première récidive dans le groupe placebo est de 8,6 semaines (IC à 95%, 4,0 à 11,7 ; rapport de risque dans un modèle de risques proportionnels de Cox, 0,04 ; IC à 95%, 0,01 à 0,18 ; p<0,001).
Au cours de cette période, 2 des 30 patients du groupe rilonacept (7 %) ont eu une récidive de péricardite, contre 23 des 31 patients du groupe placebo (74 %). Au cours de la période d’étude, 4 patients ont eu des effets indésirables qui ont conduit à l'arrêt du traitement au rilonacept. Les événements indésirables les plus fréquents avec le rilonacept sont des réactions au point d'injection et des infections des voies respiratoires supérieures.
Un essai de phase 3
RHAPSODY est un essai multicentrique de phase 3, en double aveugle, randomisé, testant le rilonacept chez des malades souffrant de symptômes de péricardite aiguë récidivante (tels qu'évalués sur une échelle cotée par le patient) et une inflammation systémique (taux élevé de CRP).
Dans un premier temps de 12 semaines, le rilonacept a été introduit et les médicaments du traitement standard interrompus. En cas de réponse clinique, les patients ont ensuite été randomisés 1:1 entre monothérapie continue avec le rilonacept ou un placebo, par voie sous-cutanée, une fois par semaine.
Le critère principal d'efficacité est le délai jusqu'à la première récidive de péricardite.
Importance de l’interleukine-1
L'interleukine-1 est largement impliquée dans la physiopathologie des péricardites récidivantes et constitue une cible pertinente chez les malades qui ont des signes d'inflammation systémique. Le potentiel d'inhibition de l'interleukine-1 a été évalué initialement dans un essai avec l'anakinra, un antagoniste recombinant des récepteurs de l'interleukine-1 à courte demi-vie. C’était une étude sur un petit nombre de patients souffrant de péricardite récidivante idiopathique résistante à la colchicine et ayant déjà eu une récidive de péricardite après interruption des corticoïdes. De plus, beaucoup de ces patients avaient continué à utiliser la colchicine pendant cet essai.
L'essai de phase 3 RHAPSODY (Rilonacept Inhibition of Interleukin-1 Alpha and Beta for Recurrent Pericarditis : a Pivotal Symptomatology and Outcomes Study) permet de montrer que le rilonacept réduit très notablement le risque de récidive de péricardite par rapport au placebo. La prochaine étape est de le tester versus colchicine ou corticoïdes.











