Gynéco-obstétrique

THS et cancer du sein : rôle précisé de sa durée et du type de progestatifs

Une vaste étude cas-témoin confirme le surrisque de cancer du sein associé à la prise d’un traitement hormonal substitutif de la ménopause (THM). Un surrisque qui dépend à la fois du type de THM, notamment du progestatif utilisé, de la durée d’administration et de son ancienneté.

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  • 04 Novembre 2020
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    On s’en souvient, la publication il y a un peu plus d’un an dans le Lancet d’une vaste méta-analyse sur les liens entre cancer du sein et THM avait suscité des débats.

    Ce travail avait mis en évidence un surrisque de cancer du sein, plus ou moins marqué selon le type de THM utilisé, augmentant avec la durée de traitement et persistant après l’arrêt.

    Deux vastes registres au Royaume-Uni

    Une nouvelle étude publiée dans le BMJ, qui avait débuté avant la publication de la méta-analyse, apporte des précisions sur l’impact du THM en fonction de son type et de sa durée. Il s’agit cette fois non pas d’une méta-analyse, mais d’une étude cas-témoins faite à partir de 2 vastes registres au Royaume-Uni, le QResearch et le Clinical practice research datalink.

    Au total, les données colligées portent sur 98 611 femmes âgées de 50 à 79 ans ayant eu un premier diagnostic de cancer du sein entre 1998 et 2018, qui ont été appariées à 457 498 femmes témoins.   

    Sur-risque compris entre 15 et 79%

    Respectivement 34% et 31% de ces femmes avaient pris un THM au moins un an avant la date index (date du diagnostic de cancer du sein pour les cas et d’inclusion pour les témoins).  

    Comparativement aux femmes n’ayant jamais reçu de THM, la prise de THM est bien sûr associée à une augmentation du risque de cancer du sein, mais elle est de 15% pour une durée de traitement de moins de 5 ans (OR 1,15, IC 95 % 1,09-1,21) et de 79% pour des durées supérieures (OR 1,79, IC 95 % 1,73-1,85).

    Le type de progestatif n’est pas neutre

    Chez les femmes recevant un traitement combinant estrogènes et progestatif, le risque varie aussi selon le type de progestatif. L’augmentation du risque est la plus élevée avec l’acétate de norethistérone (OR 1,88, IC 95 % 1,79-1,99), tandis qu’elle est la plus faible avec la dydrogestérone (OR 1,24, IC 95 % 1,03-1,28).

    Les auteurs ne retrouvent pas d’augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes qui avaient été antérieurement traitées moins de 5 ans par des estrogènes seuls ou par un traitement combiné. En revanche un traitement antérieur prolongé, de plus de 5 ans, reste associé à un risque accru (OR 1,16, IC 95 % 1,11-1,21). Des données qui sont donc un peu différentes de celles rapportées dans l’étude du Lancet.

    Une estimation des cas excédentaires

    Concrètement, les auteurs estiment que ce surrisque se traduit par, de 3 cas supplémentaires (chez les femmes les plus jeunes) à 8 cas en plus (chez les plus âgées) de cancers du sein pour 10 000 femmes-années en cas de traitement estrogénique seul récent.

    Pour les traitements combinés, les cas de cancers du sein en excès sont estimés entre 9 et 36 / 10000 femmes-années-femmes. Pour les femmes dont le traitement combiné était plus ancien, les cas de cancers du sein excédentaires seraient de 2 à 8 /10 000 femmes-années.  

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