Hématologie

LAM FLT3-ITD+ : impact majeur du sorafénib en post-allogreffe

Dans la leucémie aiguë myéloïde FLT3-ITD mutée, une étude montre l’intérêt majeur d’un inhibiteur multikinase, le sorafenib, en prévention de la rechute post-allogreffe.

  • Amornrat Phuchom/istock
  • 02 Août 2020
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    Considérant que près de la moitié des patients allogreffés pour une leucémie aiguë myéloblastique (LAM) avec FLT3-ITD+ rechutent en post-allogreffe, un traitement préventif de la rechute semble indispensable. Le sorafénib est un inhibiteur multikinase qui a une indication dans le traitement des cancers hépatiques et rénaux. En première ligne en association avec la chimiothérapie, le sorafénib améliore la survie sans rechute (SSR) chez les patients jeunes ayant une LAM FLT3-ITD+.

    Burchet et coll ont mener une étude phase 2 randomisée, testant le sorafénib versus placebo en maintenance post-allogreffe chez les patients allogreffés pour une LAM avec FLT3-ITD+ en rémission complète hématologique avec un donneur familial 10/10 ou de fichier 10/10 ou 9/10. Au total, 83 patients ont été inclus avec une médiane d’âge de 54 ans. Le sorafénib ou placebo sont débutés entre J60 et J100 post-allogreffe.  

    Amélioration impressionnante de la survie sans rechute

    Avec un suivi médian d’environ 42 mois, la SSR n’est pas atteinte dans le groupe sorafénib versus 31 mois pour le groupe placebo. La SSR estimée à 24 mois chez les patients ayant reçu du sorafénib est de 85% versus 53% chez ceux qui ont reçu le placebo (p=0.002). La survie globale à 2 ans est de 90% dans le groupe sorafénib versus 66% dans le groupe placebo (p=0.007).

    L’impact du sorafénib est d’autant plus évident si les patients ont une maladie résiduelle positive à la greffe ou post-greffe. Il faut souligner que dans le groupe sorafénib, 4 des 10 rechutes sont survenues après l’arrêt du sorafénib, faisant penser qu’il y a un intérêt à donner la molécule plus de 2 ans après la greffe.

    Une tolérance tout à fait acceptable en post-allogreffe

    Neuf patients, soit 22%, ont dû arrêter le sorafénib pour toxicité versus 2 patients dans le groupe placebo (5%). Plus de maladies du greffon contre l’hôte (GVH) aigue et chronique sont apparues dans le groupe sorafénib (76.8%) que dans le groupe placebo (60%). 12% sous sorafénib ont développé une toxicité cutanée versus 3% sous placebo. Le taux d’infections est comparable chez environ ¼ des patients dans chaque groupe.

    Au final, même si l’étude SORMAIN a dû être arrêtée précocement pour manque d’inclusion, elle apporte des résultats qui vont changer la pratique clinique et surtout le pronostic de ces patients à haut risque. Les recommandations de l’Acute leukemia Working party de l’EBMT vont d’ailleurs dans ce sens (Bazarbachi et coll, Haematologica 2020).

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