Oncologie
Cancer et Covid-19 : les malades auraient un taux de mortalité plus élevé
Chez les malades souffrant de cancer et infectés par le virus de la Covid-19, une étude new-yorkaise montre un sur-risque de décès dépendant à la fois du type de cancer mais aussi de l’âge et des comorbidités.
- Ivan Chertok/istock
Les malades souffrant d'un cancer qui développent une Covid-19 ont beaucoup plus de chances de mourir de la maladie (25%) que celles qui n'ont pas de cancer, selon des chercheurs du Montefiore Health System et de l'Albert Einstein College of Medicine.
L'étude, publiée dans l'édition en ligne de Cancer Discovery, est la plus importante à ce jour pour évaluer l’impact de la Covid-19 chez les malades souffrant d'un cancer.
Certaines comorbidités préexistantes, âge avancé, hypertension artérielle, maladies cardiaques et maladies pulmonaires chroniques, sont associées de manière significative à une augmentation de la mortalité des patients Covid-19 atteints de cancer.
Sur-risque pour certains cancers
En tant que groupe, les malades souffrant d’hémopathies, telles qu’une leucémie et un lymphome, ont le taux de mortalité le plus élevé : 37% (20 des 54 patients). Pour les patients atteints de tumeurs malignes solides, le taux de mortalité serait de 25% (41 sur 164).
Des différences nettes ont été observées entre les différentes tumeurs solides : le taux de mortalité des patients atteints d'un cancer du poumon serait de 55% et celui des patients atteints d'un cancer colorectal de 38%, contre 14% pour le cancer du sein et 20% pour le cancer de la prostate.
Une série de 218 malades
L'étude observationnelle a porté sur 218 patients atteints de cancer qui ont été testés positifs au virus de la Covid-19 du 18 mars au 8 avril 2020, au Montefiore Medical Center dans le Bronx, à New York, l'une des régions des États-Unis les plus touchées par la pandémie.
Au total, 61 malades souffrant de cancer sont morts de la Covid-19, soit un taux de létalité inhabituellement élevé de 28%. Le taux de mortalité de la Covid-19 aux États-Unis était de 5,8% à la même période, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Une période critique
La période pendant laquelle ces patients ont été traités se situe au début de l'épidémie, lorsque les tests étaient presque exclusivement effectués chez des patients les plus malades et les plus symptomatiques et qui devaient être hospitalisés. Cela peut expliquer en partie le taux très élevé de la mortalité au sein de la population cancéreuse étudiée.
Cependant, si on les compare aux taux de mortalité des patients non cancéreux à Montefiore et dans l'ensemble de la ville de New York pendant la même période, les patients cancéreux ont un risque significativement plus élevé de mourir de la Covid-19.
Un élément-clé est que la mortalité semble être plus étroitement liée à la fragilité, à l'âge et aux comorbidités qu'au traitement anticancéreux lui-même.
Adapter la prise en charge
« Nos données suggèrent que nous ne devrions pas arrêter les traitements anticancéreux qui sauvent des vies, mais plutôt développer des stratégies pour minimiser les expositions potentielles à la Covid-19 et réévaluer les traitements pour nos populations cancéreuses les plus vulnérables », a expliqué le coauteur principal, le Pr Amit Verma, directeur de la division d'hémato-oncologie à Montefiore et professeur de médecine et de biologie moléculaire et du développement à Einstein.
Montefiore a déjà modifié ses pratiques cliniques à la suite des résultats de l'étude, en utilisant la télémédecine et la distanciation sociale précoce pour les malades souffrant de cancer, et en ouvrant un service clinique dédié au cancer en ambulatoire et en hospitalisation.
Elle a également mis en place un service bilingue de conseil par d’autres patients et a déployé un réseau de travailleurs sociaux et des livraisons de nourriture pour sa population à risque.











