Infectiologie
Colite à Clostridium difficile : la compétition bactérienne est une solution
L’utilisation des antibiotiques s’accompagne d’une augmentation des résistances bactériennes et de l’incidence des colites à Clostridium difficile. Mais la compétition bactérienne est une solution.
- Janice Carr/AP/SIPA
Les colites à Clostridium difficile sont devenues la première cause de décès associées aux « infections liées aux soins » : c’est près de 30 000 décès chaque année aux USA. C’est aussi un problème thérapeutique avec plus de 30% de récidives de cette maladie, à tel point que des solutions radicales sont proposées dans les cas les plus rebelles, comme une greffe fécale.
Mais la greffe fécale, qui est une transplantation de flore intestinale à partir d’un individu sain, risque de transplanter un virus ou un autre pathogène non prévu.
Une recolonisation par des souches non-pathogènes
C’est pour cela qu’une équipe américaine a regardé s’il était possible de prévenir les récidives de ces colites particulièrement graves du fait de la sécrétion d’une toxine par la compétition bactérienne. Ils ont apporté de grandes quantités de souches de Clostridium difficile qui ne sécrètent pas de toxine dans le colon de ces malades. Il s’agissait de faire une recolonisation du tube digestif avec des souches non-pathogènes.
Après la cure antibiotique, des solutions contenant des spores de Clostridium difficile non pathogènes ont été administré par voie orale à 168 malades souffrant de colite. Il s’agissait d’une étude randomisée multicentrique et versus placebo.
La récidive de l’infection à Clostridium pathogène a été de 30% dans le groupe placebo contre seulement 5% avec la solution la plus concentrée sur 7 jours.
Intérêt de la compétition bactérienne
Si l’on se base sur les études animales, ce traitement est basé sur la compétition bactérienne entre les différentes populations de Clostridium difficile du tube digestif : apportées en grand nombre et pendant 7 jours, les Clostridia non-sécrétrices de toxine ont remplacées les souches pathogènes, car elles sont sur la même « niche écologique ».
Cela semble identique chez l’homme et, plus la colonisation fécale avec les souches non pathogènes augmente, plus le taux de récidives de colite baisse.
La tolérance de cette « insémination » par des spores non pathogènes a été excellente mais elle est bien sûr à vérifier dans une étude plus large.











