Cardiologie

HTA : un doublement du risque à partir de 7 verres d’alcool par semaine

Une consommation d'alcool modérée augmente le risque d’hypertension artérielle selon une très vaste étude nationale indépendante, quel que soit le sexe et la race.

  • Rostislav_Sedlacek/istock
  • 08 Mars 2019
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    En matière d’alcool, il n’y a pas de dose idéale pour le « French paradox ». Une étude portant sur plus de 17 000 adultes américains montre qu'une consommation modérée d'alcool, de 7 à 13 verres par semaine, augmente considérablement le risque d’élévation de la pression artérielle ou d'hypertension.

    C’est le résultats d’une analyse d’une des séquences de la NHANES (National Health and Nutrition Examination Study) les plus représentative de la population américaine, une étude présentée au 68e congrès annuel de l'American College of Cardiology.

    Une étude qui remet les pendules à l’heure

    Ces résultats contrastent avec des études antérieures, de plus petite taille, qui associaient une consommation modérée d'alcool à un risque moindre de maladie cardiovasculaire. Cependant, la plupart de ces études étaient soit trop petites, soit n’avaient pas évalué la pression artérielle chez les buveurs modérés.

    L'hypertension étant l'un des principaux facteurs de risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral, la nouvelle étude remet en question la notion selon laquelle une consommation modérée d'alcool est bénéfique pour la santé en général, et la santé cardiaque en particulier.

    Un doublement du risque d’HTA

    Comparativement à ceux qui n'ont jamais bu, les buveurs modérés, qui boivent de 7 à 13 verres par semaine, ont 53% plus de risque de souffrir d'hypertension de stade 1 et deux fois plus de risque de souffrir d'hypertension de stade 2.

    La tendance chez les gros buveurs, qui boivent 14 verres ou plus d’alcool par semaine, est encore plus prononcée : par rapport à ceux qui n'ont jamais bu, les buveurs excessifs ont 69% plus de risque d’avoir une hypertension de stade 1 et 2,4 fois plus de risque d’avoir une hypertension de stade 2.

    Dans l’ensemble, la pression artérielle moyenne est d’environ 109/67 mm Hg chez les non-buveurs, de 128/79 mm Hg chez les buveurs modérés et de 153/82 mm Hg chez les gros buveurs.

    Une des grandes études NAHNES

    Ces résultats proviennent d’un des volets de la NHANES (National Health and Nutrition Examination Study), une très vaste étude qui dure depuis plusieurs décennies et dirigée de façon indépendante par les Centers for Disease Control, aux Etats-Unis.

    Dans cette analyse, les données de consommation d’alcool de 17 059 adultes américains inscrits à l’étude nationale américaine NHANES entre 1988 et 1994, période d’inclusion dans NHANES où les données sont considérées comme les plus complètes et les plus représentatives de la population en termes, d’âge, de sexe et de race.

    Elles ont été mises en parallèle avec les mesures de leur pression artérielle par du personnel formé lors de visites chez les participants et dans un centre d'examen mobile.

    Une étude représentative

    L'hypertension est classée selon les recommandation de 2017 de l’ACC/AHA, qui définissent une hypertension de stade 1 comme une pression artérielle systolique comprise entre 130 et 139 mm Hg ou la pression diastolique entre 80 et 89 mm Hg, et une hypertension de stade 2 comme une pression systolique supérieure à 140 mm Hg ou une pression diastolique au-dessus de 90 mm Hg.
    Dans leur analyse, les chercheurs ont ajusté l'âge, le sexe, la race, le revenu et le risque cardiovasculaire pour séparer les effets de la consommation d'alcool des autres facteurs de risque associés à l'hypertension.
    Un tournant dans la pratique médicale

    Il n’est pas nouveau que la consommation d’alcool soit associée à une augmentation du risque d’HTA, mais c’est la première fois que l’on décèle un effet péjoratif d’une consommation modérée. En même temps, ce n’est pas illogique puisqu’il s’agit d’une relation continue.

    Selon le Dr Amer Aladin, cardiologue au Wake Forest Baptist Health Center et auteur principal de l'étude : « Je pense que ce sera un tournant pour la pratique clinique, ainsi que pour les futures politiques de recherche, d'éducation et de santé publique en matière de consommation d'alcool ». L’impact de l’alcool sur la pression artérielle pourrait être du à divers facteurs, selon les chercheurs, dont un apport calorique plus important, lié à l’alcool lui-même, et des modifications du métabolisme du cerveau et du foie qui pourraient contribuer aux pics d’hypertension artérielle.

    La conclusion pratique de cette étude NHANES est assez simple : il faut interroger chaque malade sur sa consommation d’alcool et mesurer plus régulièrement sa pression artérielle dès que la consommation hebdomadaire d’alcool atteint 14 verres par semaine.

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