Endocrinologie
Levothyrox : la justice déboute les plaignants face au laboratoire Merck
Le tribunal d'instance de Lyon a tranché ce mardi en déboutant les 4113 plaignants dans l'affaire du Levothyrox face au laboratoire Merck qui était poursuivi pour "défaut d'information".
- Par Anaïs Col
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- TONKOVIC / ISTOCK
La Justice, à travers le tribunal d'instance de Lyon a débouté ce mardi les 4113 plaignants qui poursuivaient le laboratoire Merck dans l'affaire du Levothyrox. Le fabriquant allemand était poursuivi pour "défaut d'information", après le passage à la nouvelle formule du médicament, formule qui auraient été associée à des effets secondaires (perte de cheveux, crampes, pertes de mémoire, vertiges, changements d'humeur...).
"Le tribunal a considéré que Merck n’avait pas commis de faute dans l’obligation d’information qui pesait sur elle. Mais nous allons certainement conseiller aux clients d’interjeter appel de cette décision", a déclaré à Reuters Me Christophe Lèguevaques, l’avocat des plaignants. "C’est une grosse déception pour moi et pour les malades qui attendaient une reconnaissance de la justice de leurs souffrances. Et on leur dit aujourd’hui que c’est simplement un problème sociologique et non pas juridique. Ces termes ne sont pas acceptables pour les malades".
Me Lèguevaques demandait à ce que Merck verse 10 000 euros de dommages et intérêts à chacun de ses clients, sur le fondement de l’"atteinte à la dignité humaine" pour "défaut d’information". Soit 41,13 millions d’euros au total. Mais le tribunal a estimé que le laboratoire avait oeuvré dans les règles.
Rappel des faits
Des milliers de personnes se sont plaintes d'effets indésirables, parfois graves, lorsque la formule du médicament a été modifiée en février 2017 à la demande de l'Agence du Médicament (remplacement d'un excipient par du mannitol). "J'ai cru à un cancer, j'étais dans un état psychologique vraiment pas bon. J'ai fait des examens et ma TSH (hormone qui régule la sécrétion des hormones thyroïdiennes, ndlr) était tombée à un seuil très critique", raconte Aude, 32 ans, qui vit depuis plus de 10 ans sans thyroïde. "Cela faisait dix ans que j'allais bien et du jour au lendemain, tout s'écroule", se désole la jeune femme.
Au total, 17 000 cas d’effets secondaires ont été recensés, parmi lesquels 5062 ont été classés comme graves, et plus de 500 000 personnes ont abandonné la nouvelle formule du médicament. Une enquête avait été ouverte en septembre 2017 pour "tromperie aggravée, atteintes involontaires à l'intégrité physique et mise en danger d'autrui", ce à quoi le parquet avait pris le 30 novembre des "réquisitions supplétives" pour "homicide involontaire" par le parquet de Marseille après le décès d'une femme suspecté d’être lié à la nouvelle formule du médicament.











