Infectiologie

VIH : deuxième cas avéré de guérison après une greffe de moelle

Pour la deuxième fois, un malade du SIDA a été déclaré "guéri" du VIH après une greffe de moelle osseuse. En rémission depuis 18 mois sans traitement anti-viral, l'ex-malade va cependant bénéficier d'une étroite surveillance médicale. 

  • 05 Mars 2019
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    C’est une bonne nouvelle dans la lutte contre le VIH. Un malade originaire de Londres et porteur du virus depuis plusieurs années est en rémission sans traitement anti-viral depuis 18 mois. Il a bénéficié d’une greffe de moelle osseuse par un donneur dont les globules blancs sont déficitaires en un récepteur de membrane (CCR5), par lequel entre normalement le VIH dans la cellules immunitaire. Les cellules souches transplantées ont par ailleurs permis d’éliminer les cellules porteuses du virus de son organisme. 

    Le cas de cette personne, que l'on appelle "le patient de Londres" a été présenté lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes de Seattle aux États-Unis, et publié ce mardi 5 mars dans la revue NatureCe processus de guérison a déjà fait ses preuves il y a 12 ans avec l’Américain Timothy Ray Brown, aujourd’hui âgé de 53 ans. Une technique que les chercheurs ont tenté, sans succès, de reproduire mais dans la cas du "malade de Londres", la greffe de moelle osseuse s'est beaucoup mieux passé que la première fois, où le malade avait failli mourrir. 

    "La guérison n'est pas un rêve"

    Des médicaments puissants sont actuellement disponibles pour contrôler l'infection par le VIH, mais celui-ci persiste dans des cellules réservoir du système immunitaire. Nettoyer complètement le corps du virus et le réarmer avec des cellules immunitaires déficitaires en récepteur CCR5 pour résister au VIH pourrait cependant réussir comme traitement. Car l ne s'agit pas de bloquer le récepteur CCR5, car il est porté par d'autres cellules que les cellules immunitaires, mais il faut le bloquer uniquement dans le système immunitaire. Atteint d'un lymphome de Hodgkin, le patient de Londres a reçu une greffe de moelle osseuse d'un donneur avec la mutation d'une protéine CCR5 en mai 2016.

    Les cellules provenant des donneurs non cancéreux ont en effet un avantage supplémentaire : cette mutation génétique du gène de la protéine de membrane CCR5 entraîne l'immunité contre 50% des VIH. La greffe a détruit le cancer et les cellules immunitaires infectées sans effets secondaires nocifs. Les cellules immunitaires transplantées, déficitaires en CCR5 et maintenant résistantes au VIH porté par le maladie, semblent avoir entièrement remplacé ses cellules vulnérables.

    "Cela montre que la guérison n’est pas un rêve. C'est possible", a déclaré le Dr Annemarie Wensing, virologue au Centre médical universitaire d'Utrecht, aux Pays-Bas. Pour le patient de Londres, apprendre qu'il pouvait être guéri à la fois du cancer et de l'infection à VIH était "surréaliste" et "accablant". "Je n'ai jamais pensé qu'il y aurait un remède de mon vivant", a-t-il confié dans un email envoyé au New York Times. 

    D'autre patients ont reçu le même type de greffe

    Après l’opération de Timothy Ray Brown en 2007, qui souffrait d’une leucémie et qui a subi deux greffes de moelle osseuse, les médecins ont essayé de guérir d’autres patients en recourant au même procédé. Mais le virus revenait en force, environ neuf mois après que les patients aient cessé de prendre des médicaments antirétroviraux. Ces échecs à répétition ont conduit les scientifiques à se demander si le rétablissement de Timothy Ray Brown n’était pas finalement un "coup de chance". 

    Le cas du patient de Londres prouve désormais que ce n'était pas le cas. Ce dernier a cessé de prendre des médicaments anti-VIH en septembre 2017, ce qui fait de lui le premier patient depuis que M. Brown à présenter des signes de guérison plus d'un an après l'interruption du traitement. 

    D'après le New York Times, une autre personne infectée par le VIH ayant reçu une greffe de moelle osseuse déficitaire en CCR5 a cessé son traitement médicaments anti-VIH depuis quatre mois. Les détails de ce cas, appelé "patient de Düsseldorf", devraient être présentés à la conférence de Seattle un peu plus tard cette semaine.

    Enfin, il faut savoir que seuls 50% des VIH se servent du récepteur CCR5 pour rentrer dans les cellules. Les autres se servent d'un autre récepteur, le CXCR4. Le procédé décrit pour ces malades n'est donc pas universel.

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