Oncologie
Insuffisance cardiaque chez la femme : le traitement des cancers HER2 double le risque
Le risque d’insuffisance cardiaque chez les femmes souffrant d’un cancer du sein est majoré par les traitements anti-HER2 par rapport à la chimiothérapie seule
- KatarzynaBialasiewicz/istock
Chez les femmes atteintes d’un cancer du sein HER2+, le traitement par l’anticorps anti-HER2, le trastuzumab, améliore considérablement le pronostic, mais il est également associé à un risque d'insuffisance cardiaque multiplié par deux par rapport aux autres schémas de traitement par chimiothérapie seule. C’est ce qui ressort d’une étude publiée dans le JACC.
Un constat problématique dans une population de femmes dont le risque d’insuffisance cardiaque peut être déjà augmenté par la chimiothérapie ou la radiothérapie.
Analyse comparative sur 5 ans
Le cancer du sein HER2 est associé à un moins bon pronostic. Bien que le trastuzumab en ait considérablement amélioré la survie, des études antérieures ont montré un risque accru d'insuffisance cardiaque au cours des deux premières années suivant le traitement chimiothérapeutique en raison des chimiothérapies. Les risques à long terme restent plus incertains.
Cette étude a analysé 8 812 malade pour lesquelles un traitement adjuvant du cancer du sein au stade précoce était prévu. Un total de 2 117 femmes avait un cancer du sein HER2-positif et ont reçu à la fois une chimiothérapie et du trastuzumab, tandis que 6 695 patientes HER2-négatives ont reçu uniquement une chimiothérapie. La cohorte analysée est composée de 8 611 patientes ayant survécu au cancer et n'ayant pas développé d'insuffisance cardiaque dans les 18 mois suivant le traitement.
Sur-risque d’insuffisance cardiaque
Après une période médiane de suivi de 5,4 ans, 2,7% des femmes traitées par trastuzumab ont déclaré une insuffisance cardiaque, contre 0,8% des patientes traités uniquement par chimiothérapie. L'incidence cumulative de l'insuffisance cardiaque après neuf ans est de 3,3% dans le groupe trastuzumab, contre 1,3% dans le groupe chimiothérapie seule.
Ces résultats démontrent une augmentation significative de l'insuffisance cardiaque précoce et tardive chez les patientes traitées à la fois par chimiothérapie et trastuzumab par rapport à la chimiothérapie seule. Il faut cependant noter que l’incidence globale reste faible.
Raisonner à long terme
Avec le traitement moderne du cancer du sein, de nombreuses femmes vont survivre à leur cancer et il est important de prendre en compte les complications potentielles à long terme. Il en est ainsi de l'insuffisance cardiaque comme conséquence potentielle à long terme du traitement avec le trastuzumab.
Même si le risque global d'insuffisance cardiaque après trastuzumab est faible, il pourrait être utile de le prendre en compte lors de la planification du suivi d'un cancer du sein HER2 positif, en particulier chez les patientes présentant d'autres comorbidités.
Il existe d'importantes différences dans les caractéristiques cliniques et les comorbidités des femmes souffrant d’insuffisance cardiaque par rapport aux hommes, ce qui n’est pas sans conséquence sur les taux d’hospitalisation, l’utilisation des traitements de l’insuffisance cardiaque et la mortalité.











