Pneumologie
Cigarette électronique : graves critiques sur une étude niant son efficacité
Publiée dans The Lancet, une métaanalyse conclut que les fumeurs qui utilisent la e-cigarette ont moins de chance de cesser de fumer. Une étude qui, selon le Pr Bertrand Dautzenberg, est extrêmement critiquable.
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L’objectif des chercheurs de l’Université de Californie (San Francisco) était d’évaluer l’association entre l’utilisation de la e-cigarette et l’arrêt du tabac chez des adultes fumeurs, sans tenir compte de leur motivation pour vapoter. Ils ont inclus 20 études dans leur métaanalyse dont le critère principal était l’arrêt du tabac. Ils montrent que les chances de cesser de fumer sont inférieures de 28 % pour les utilisateurs de la cigarette électronique si on les compare à ceux qui n’en usent pas.
Ce résultat peut surprendre car plusieurs travaux ont montré que l’e-cigarette permet d’obtenir des taux de succès de sevrage tabagique identiques à ceux obtenus par les méthodes classiques de substitution nicotinique et semble constituer un outil de réduction de risque intéressant.
Faute méthodologique
Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue au CHU Pitié-Salpêtrière (Paris) interrogé par Fréquence Médicale, cette métaanalyse est scandaleuse. « Il est aberrant de publier un tel papier, je ne comprends pas comment une étude aussi trafiquée est parvenue à passer les comités de lecture d’une revue comme The Lancet, s’indigne le spécialiste du tabac. Les auteurs ont sélectionné des personnes qui utilisaient la e-cigarette et qui n’avaient pas arrêté de fumer, puis ils les ont comparées à des fumeurs qui n’ont jamais vapoté. C’est comme si l’on comparait la chimiothérapie à la radiothérapie en ne considérant que les patients en échec de la chimiothérapie. C’est une faute méthodologique énorme. »

Une aide pour arrêter
On peut s’interroger sur d’éventuelles pressions des puissants lobbys qui œuvrent dans le domaine du tabac car la cigarette électronique est régulièrement accusée de diverses nuisances. Dans le cas de cette étude, la seule certitude est que son auteur principal, Stanton Glantz s’est toujours opposé aux méthodes d’arrêt telles que les substituts nicotiniques.
La cigarette électronique a fait l’objet d’une actualisation de l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) qui a récemment été rendue public. Il ressort de ses travaux qu’elle peut être considérée comme « une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac des fumeurs ». Le HCSP prend donc une position relativement ferme. En recommandant désormais « d’informer, sans en faire publicité, les professionnels de santé et les fumeurs que la cigarette électronique est une aide à l’arrêt du tabac », mais aussi, « un mode de réduction des risques du tabac en usage exclusif ».
D’après un entretien avec le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue au CHU Pitié-Salpêtrière (Paris)

HCSP-Bénéfices-risques de la cigarette électronique pour la population générale
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