Cardiologie

Fluoroquinolones : un risque 66% plus élevé d'anévrisme ou de dissection aortique

Les fluoroquinolones augmenteraient de 66% le risque de développer un anévrisme ou une dissection aortique, selon une nouvelle étude nationale suédoise. Pourcentage inquiétant étant donné que ces antibiotiques représentent par exemple 30 millions de prescriptions ambulatoires par an aux Etats-Unis.

  • Dr_Microbe
  • 14 Mars 2018
  • A A

    Un risque plus que doublé de développer un anévrisme ou une dissection de l’aorte lors d’un traitement par fluoroquinolone, c’est ce que révèle une nouvelle étude de cohorte nationale suédoise publiée dans le BMJ.

    Ces antibiotiques sont très souvent prescrits face à des sinusites bactériennes ou des infections des voies urinaires.

    Une classe médicamenteuse très prescrite

    Aux Etats-Unis ils représentent 30 millions de prescriptions ambulatoires par an. En 2016, leurs effets secondaires potentiellement dangereux ont même conduit la FDA à « approuver les changements d’étiquetage de sécurité pour renforcer les avertissements concernant leur association avec des effets secondaires invalidants et potentiellement permanents et pour limiter leur utilisation.»

    En effet une rupture aortique constitue une urgence médicale nécessitant une intervention chirurgicale.

    360 088 dossiers épluchés 

    Des chercheurs de l’Institut Karolinska de Stockholm, de l’université de Lund et du Statens Serum Instite de Copenhague ont épluché les registres nationaux suédois de santé (médicaments, patients, causes de décès) entre juillet 2006 et décembre 2013 afin de comparer le risque de pathologie aortique chez 360 088 personnes sous fluoroquinolones (dont 78% de ciprofloxacine) versus amoxicilline, dans les 60 jours suivant le début du traitement.

    Un risque plus que doublé

    Leurs travaux font état d’un risque 66% plus élevé de développer un anévrisme (dilatation) ou une dissection (rupture) de l’aorte. Durant les 60 jours suivant l’instauration du traitement, il y a eu 64 cas d’anévrisme ou de dissection aortique parmi les 360 088 personnes traitées par fluoroquinolones, contre 40 cas sur 360 088 individus traités par amoxicilline.

    C’est un mécanisme d’activité non-antimicrobien qui est à l’origine de ces effets indésirables graves : les fluoroquinolones induisent une activité accrue d’enzymes particulières : les métalloprotéinases matricielles. Cela conduit à une dégradation du collagène, ce qui compromet l’intégrité de la matrice extracellulaire de la paroi vasculaire.

    Les résultats des chercheurs incitent l’Agence européenne du médicament à entreprendre une évaluation de l’innocuité des fluoroquinolones. Les chercheurs précisent avoir besoin d’études supplémentaires pour déterminer s’il existe des différences entre les diverses fluoroquinolones et si en pratique clinique leur prescription doit être modifiée.

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.