Oncologie

Après transplantation, la mortalité par cancer est trois plus élevée

Le risque de cancer après une greffe d'organe est accru. Selon une étude canadienne, la mortalité s'élève nettement chez les patients greffés à distance de l'intervention.

  • 13 Janvier 2016
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    L'augmentation du risque de survenue d'un cancer après une greffe d'organe est connue de longue date. On considère généralement que c'est une des conséquences de l'immunosuppression. La mortalité élevée par cancer dans la population des transplantés est soulignée dans une étude parue dans le JAMA Oncology. Menée auprès de receveurs de la province d’Ontario (Canada), elle révèle son fardeau considérable.

    Ces travaux livrent un tableau plus précis du phénomène. Pour cela, 11 000 receveurs d’organes ont été suivis entre 1991 et 2010. Parmi eux, 3 000 sont décédés – dont 600 à cause d’un cancer.

    Une mortalité trois fois plus élevée

    Par rapport à la mortalité attendue en population générale, l’équipe dénombre trois fois plus de décès chez les receveurs d’organes solides. L’âge est un facteur d’influence puisque les enfants sont bien plus touchés que les personnes âgées par ce phénomène : l’excès de mortalité est 8 400 fois plus élevé que la normale.

    « Malgré le fait que les receveurs d’organes solides aient une espérance de vie plus courte et un risque plus élevé de décès de causes non liées au cancer, ces patients sont plus à risque de décès par cancer par rapport à la population générale, concluent les auteurs. Résoudre le problème du cancer chez ces personnes est crucial pour améliorer leur survie. »

    Des traitements pas assez aggressifs

    Selon Marianne Schmid, Felix Chun et Quoc-Dien Trinh dans un éditorial associé à l’étude, « Ce rapport soulève plusieurs questions importantes qui restent sans réponse. Il établit une association entre transplantation et décès par cancer, mais ne fournit pas d’explication à ces résultats. »

    Plusieurs hypothèses existent pourtant, à commencer par celle de lésions plus agressives chez les greffés. Les éditorialistes évoquent le possible lien avec la prise d’immunosuppresseur. Les anciennes classes de traitement antirejet diminuent les défenses en diminuant le rejet. Cela favorise les infections mais aussi, à long terme, la possibilité que des cellules cancéreuses s’expriment sans être détruites.

    L’autre piste relève de la prise en charge : les patients transplantés seraient moins bien traités, car les praticiens auraient peur de perdre le greffon avec un traitement trop agressif.
    En France, un protocole strict est mis en place lors de l'inclusion dans un programme de greffe : un dépistage est réalisé de manière quasi systématique. Si des polypes ou des facteurs de risque sont détectés, ils sont pris en charge. Avant une greffe de cœur par eemple, on réalise une coloscopie et une bronchoscopie.
    De nouveaux immunosuppresseurs, de la classe mTOR, sont aussi disponibles. Ils ont la particularité d'être immunosuppresseurs et de limiter le développement du cancer.

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