Pneumologie
Fibrose pulmonaire : des agents infectieux jouent un rôle dans la maladie
La cause de la maladie n'est pas encore connue mais l'hypothèse d'un rôle des virus et des bactéries dans la fibrose pulmonaire idiopathique fait l'objet de nombreux travaux de recherche.
- Lefteris Pitarakis/AP/SIPA
S'il n'a jamais été démontré que la fibrose pulmonaire idiopathique était une maladie infectieuse, il est maintenant clair que les agents infectieux, qu'ils soient bactériens ou viraux, peuvent influencer l'histoire naturelle de la maladie. Un article publié dans ATS Journals fait le point sur le sujet et en particulier sur le rôle des virus.
Pas de rôle démontré dans la genèse
Au cours des deux dernières décennies, dans de nombreux articles ont été identifiés du matériel génétique et des protéines appartenant à différentes espèces virales, notamment de la famille des Herpesvirus, EBV et CMV. Dernièrement, une équipe de chercheurs a retrouvé un virus particulier nommé Sainiri chez des patients avec une fibrose pulmonaire idiopathique. Le rôle des virus dans la genèse de la maladie reste une hypothèse mais personne n'a pu démontrer qu'on pouvait induire une fibrose simplement en infectant un animal avec un virus de la famille herpès. De plus les rares essais cliniques réalisés chez l'homme avec des médicaments antiviraux n'ont jamais été concluants.
Une influence sur les exacerbations

Concernant la responsabilité des agents infectieux dans les exacerbations de la maladie, les données sont plus solides. Chez l'animal d'abord, lorsque l'on induit une fibrose chez une souris et qu'on lui administre secondairement un herpèsvirus, des exacerbations peuvent être déclenchées. Chez l'homme, des données chronologiques laissent penser que les exacerbations de fibrose sont précédées par des symptômes d'allure virale. De plus, le fait que ces exacerbations prédominent en saison hivernale fait suspecter un rôle déclencheur des virus.
Par ailleurs, lorsque l'on stimule des récepteurs tels que les TLR (Toll-like receptors) qui sont présents à la surface de certaines cellules et qui jouent un rôle dans l'immunité et notamment dans les défenses contre les microorganismes, on peut aggraver une fibrose dans les modèles expérimentaux, certains types de TLR étant associés à une évolution soit rapide soit lente chez l'homme.
Des modifications du microbiome

Beaucoup de travaux s'intéressent actuellement au rôle de la colonisation bactérienne normalement présente dans les voies respiratoires. Ce microbiome est modifié en cas de fibrose pulmonaire, la charge bactérienne étant plus importante chez les malades avec une influence sur la survie.
Enfin, les chercheurs s'intéressent aussi à l'aspect thérapeutique de cette hypothèse bactérienne puisqu'un essai est actuellement en cours au Royaume-Uni qui teste l'efficacité sur la survie de l'association triméthoprime- sulfaméthoxazole contre placebo chez des patients ayant une fibrose pulmonaire idiopathique.
D'après un entretien avec le Pr Bruno Crestani, pneumologue à l'hôpital Xavier Bichat-Claude Bernard à Paris.
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