Médecine générale
Troubles des conduites alimentaires : un impact durable sur la santé
Les troubles des conduites alimentaires (anorexie, boulimie et hyperphagie boulimique) peuvent entraîner divers problèmes de santé physique et mentale qui sont pérennes sur plusieurs années.
- Daisy-Daisy/istock
Anorexie, boulimie et hyperphagie boulimique… les troubles des conduites alimentaires (TCA) concernent près d’un million de personnes en France. Complexes à traiter, ils augmentent le risque de nombreuses maladies comme l’insuffisance rénale ou hépatique, le diabète, les fractures ou même le décès dans les 12 mois après le diagnostic.
Et l’impact de ces troubles sur la santé semble persister, même après la guérison. Une étude, menée par les universités de Manchester et de Keele, montre que les effets des TCA sont durables.
La santé physique et mentale reste touchée par les TCA
Pour évaluer les effets des TCA sur le long terme, les chercheurs ont étudié les dossiers médicaux de plus de 24.000 patients atteints d'un trouble du comportement alimentaire couvrant la période de 1998 à 2018. Un groupe témoin présentant des caractéristiques similaires aux malades (âge, sexe, médecin traitant) a été constitué en parallèle. Au total, cela représentait plus de 493.000 volontaires. L’équipe a suivi leur santé mentale et physique sur 10 ans.
Les analyses ont montré que les patients souffrant d’un trouble alimentaire avaient un risque beaucoup plus élevé de problèmes de santé physique et mentale. Ils étaient six fois plus susceptibles de développer une insuffisance rénale et près de sept fois plus susceptibles de développer une maladie du foie au cours de la première année suivant le diagnostic. Ces personnes affichaient également des risques considérablement accrus d'ostéoporose, d'insuffisance cardiaque et de diabète.
Si les risques les plus importants étaient observés dans l'année suivant le diagnostic, les chercheurs ont constaté qu'ils persistaient pendant des années. Par exemple, les risques de dépression et d'automutilation qui étaient plus élevés au cours des 12 premiers mois, persistaient après cinq ans, “bien que réduits”, remarquent les experts. "Le risque de décès toutes causes confondues était aussi plus élevé au cours des 12 premiers mois et, là encore, ces risques persistaient jusqu'à 10 ans plus tard, bien qu'à un taux plus faible", ajoutent-ils dans leur communiqué.
TCA : le suivi des patients est essentiel, même après la guérison
"Cette étude met en lumière les effets importants à long terme des TCA. Il est essentiel de sensibiliser les professionnels de santé aux effets durables de ces troubles et à la nécessité d'un soutien continu pour la gestion des symptômes actuels et le rétablissement", prévient le docteur Cathy Morgan, de l'Université de Manchester, qui a dirigé les travaux publiés dans la revue BMJ Medicine.
Le chercheur et ses collègues appellent à poursuivre le suivi des patients touchés par un trouble des conduites alimentaires, même après la fin du traitement et sa guérison présumée. "Ce suivi doit être assuré en médecine générale. Nous insistons donc sur la nécessité de former les professionnels de santé de premier recours, ainsi que sur l'importance que cette surveillance soit assurée par eux à l’avenir", souligne le professeur Carolyn Chew-Graham de l'université de Keele qui a aussi participé à la recherche.











