Urologie
Pères âgés : risque plus élevé de spermatozoïdes avec mutations
Certaines mutations génétiques nocives seraient plus fréquentes dans l’ADN des spermatozoïdes chez les hommes âgés. Le taux de spermatozoïde avec des mutations pathogènes grimpe avec l’âge et le risque de complications chez les enfants de paternités tardives aussi (fausse-couche, accouchement prématurité, trisomie 21, troubles psychiques).
- LYagovy/istock
Fausse-couche, accouchement prématurité, trisomie 21, troubles psychiques…. Une paternité tardive est liée à des risques accrus de plusieurs maladies pour l’enfant. Des chercheurs du Wellcome Sanger Institute sont parvenus à faire la lumière sur ce phénomène.
Les mutations génétiques nocives dans les spermatozoïdes deviennent sensiblement plus fréquentes à mesure que les hommes vieillissent parce que certaines sont activement favorisées pendant la production de spermatozoïdes.
Le taux de spermatozoïde avec des mutations pathogènes grimpe avec l’âge
Pour cette étude présentée dans la revue Nature le 8 octobre, l’équipe a analysé le sperme de 81 hommes en bonne santé, âgés de 24 à 75 ans. Le séquençage ADN a révélé qu'environ 2 % des spermatozoïdes des jeunes trentenaires portaient des mutations pathogènes. Ce pourcentage atteint 3 à 5 % chez les participants entre 43 et 58 ans et d'hommes plus âgés (59 à 74 ans).
Selon les données recueillies, le sperme d’un septuagénaire compte 4,5 % de spermatozoïdes porteurs de gènes potentiellement dangereux pour la santé de l’enfant. "Cette nette hausse (de mutations pathogènes dans les spermatozoïdes) liée à l'âge met en évidence l'augmentation des risques génétiques pour la descendance avec l'âge des pères", confirment les auteurs dans leur communiqué.
"Nous nous attendions à trouver des preuves de mutations sélectives influençant les spermatozoïdes. Ce qui nous a surpris, c'est l'ampleur de l'augmentation du nombre de spermatozoïdes porteurs de mutations liées à des maladies graves", ajoute Docteur Matthew Neville, premier auteur des travaux publiés.
Mutations génétiques dans les spermatozoïdes : 30 gènes responsables identifiés
Toutefois, "ce risque n’est pas seulement dû à l’accumulation constante de changements aléatoires dans l’ADN, mais aussi à une forme subtile de sélection naturelle agissant sur les cellules productrices de sperme dans les testicules, donnant à certaines mutations un avantage concurrentiel lors de la production de sperme", préviennent les chercheurs.
Ils ont, en effet, découvert que certains gènes favorisent l'apparition de mutations génétiques lors de la production de spermatozoïdes. Plusieurs de celles-ci sont liées à des maladies infantiles, à des troubles neurodéveloppementaux graves et à un risque de cancer héréditaire.
L'équipe a en tout identifié 40 gènes associés à la production de spermatozoïdes porteurs de mutations nocives pour le bébé à venir. "Bien que 13 gènes avaient déjà été associés à ce processus, les découvertes montrent qu'il est bien plus répandu qu'on ne le pensait jusqu'à présent, affectant un large éventail de gènes importants pour la croissance et le développement cellulaires", précisent les auteurs. Ils ajoutent que les variations génétiques néfastes présentes dans les spermatozoïdes ne conduisent pas toutes à des maladies, certaines peuvent entraver la fécondation, le développement embryonnaire ou augmenter le risque de fausse-couche.
"On pense souvent que les cellules germinales, ayant un faible taux de mutation, sont bien protégées. Mais en réalité, les cellules germinales masculines sont un environnement dynamique où la sélection naturelle peut favoriser des mutations néfastes, parfois avec des conséquences pour la génération suivante", conclut Docteur Raheleh Rahbari, auteur principal de l’étude.











