Onco-Thoracique

Carcinome bronchique à petites cellules étendu : l’association lurbinectédine-atezolizumab en entretien prolonge la survie

Chez les patients atteints de CBPC au stade étendu et ayant répondu à l’induction carbo-etoposide-atezolizumab, l’ajout de lurbinectédine au traitement d’entretien par atezolizumab réduit de 46 % le risque de progression et de 27 % le risque de décès. Malgré une toxicité hématologique accrue, la balance bénéfice-risque apparaît favorable et offre une nouvelle option après la chimio-immunothérapie de première ligne.

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  • 02 Juin 2025
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    Le carcinome bronchique à petites cellules au stade étendu représente encore 13 % des cancers pulmonaires et garde un pronostic sombre, avec une survie médiane d’environ douze mois malgré l’introduction en 2019 de l’immunothérapie en première ligne. Dans l’essai de phase 3 international IMforte, six cent soixante patients naïfs de traitement ont reçu quatre cycles d’induction par carboplatine, étoposide et atezolizumab. Les quatre cent quatre-vingt-trois malades qui ont eu une réponse ou une stabilisation ont ensuite été randomisés pour un entretien par atezolizumab seul ou associé à la lurbinectédine, un agent alkylant ciblant l’ADN déjà approuvé dans les rechutes post-platines.

    Selon les résultats présentés à l’ASCO, après un suivi médian de quinze mois, la survie sans progression atteint 5,4 mois dans le bras combiné contre 2,1 mois sous atezolizumab seul, soit un hazard ratio de 0,54. La survie globale s’allonge de 10,6 à 13,2 mois, traduisant une diminution relative de mortalité de 27%. Le bénéfice apparaît rapide et cohérent quelle que soit la stratification géographique ou l’âge (médiane 66 ans), dans une population majoritairement masculine et caucasienne.

    Un meilleur contrôle tumoral à confirmer dans la durée

    Au-delà du critère principal, l’allongement de traitement à 4,1 mois sous lurbinectédine versus 2,1 mois traduit une meilleure maîtrise tumorale. En revanche, la toxicité hématologique s’intensifie : 83,5 % d’événements liés au traitement dans le bras combiné dont 25,6 % de grade 3-4 (neutropénies, anémies) et 0,8 % de grade 5, contre 5,8 % de grade 3-4 sous atezolizumab seul. Les interruptions pour effets indésirables restent limitées (6,2 % versus 3,3 %). Aucune nouvelle alerte immunologique n’a été signalée. Ce profil, bien que plus lourd, demeure gérable en milieu spécialisé, surtout chez des patients à forte charge tumorale et sans alternative validée après l’induction.

    Les données proviennent de 91 centres répartis dans treize pays, conférant une représentativité satisfaisante des pratiques occidentales et asiatiques, même si les métastases cérébrales étaient exclues. La méthodologie randomisée, contrôlée, avec évaluation indépendante et aveugle de la progression, renforce la robustesse des résultats. Seules limites : l’absence de bras lurbinectédine seule, la courte durée de suivi et la part minoritaire de femmes ou de populations hispaniques, nécessitant des analyses complémentaires pour certains sous-groupes.

    Un nouveau standard du traitement du carcinome bronchique à petite cellule au stade étendu

    L'immunothérapie a amélioré les résultats en termes de survie chez les patients atteints d'un cancer du poumon à petites cellules à un stade étendu (ES-SCLC), marquant ainsi une avancée significative dans le traitement de cette maladie historiquement difficile à soigner. Cependant, malgré ces progrès, les résultats à long terme restent sous-optimaux, soulignant la nécessité de mettre en place de meilleures stratégies.

    Selon un commentaire d’un expert ASCO, ces résultats suggèrent d’intégrer la lurbinectédine au schéma d’entretien après carbo-etoposide-atezolizumab chez les patients en réponse ou stabilité, à condition d’une surveillance hématologique étroite et d’une prophylaxie des neutropénies. . Cette approche offre un moyen de prolonger le contrôle de la maladie et pourrait marquer un tournant vers des bénéfices plus durables pour les patients.

    Cette stratégie pourrait devenir le nouveau standard si les autorités réglementaires confirment l’indication. Les pistes futures incluent l’évaluation de la combinaison en première ligne simultanée, l’association à d’autres inhibiteurs de points de contrôle, ainsi que l’identification de biomarqueurs prédictifs de réponse pour sélectionner les malades les plus susceptibles de bénéficier de ce traitement intensifié.

     

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