Pneumologie

Bronchite chronique : les bouchons de mucus associé à la dégradation de la fonction respiratoire des BPCO

Dans l’étude COPDGene, la persistance ou l’apparition de bouchons de mucus dans les bronches de patients atteints de BPCO sur cinq ans accélère significativement la chute annuelle du VEMS, surtout chez les fumeurs actifs ou les rechuteurs. Repérer et cibler ces obstructions pourrait constituer un nouvel axe pour ralentir la progression de la BPCO.

  • Egor Kulinich/istock
  • 15 Mai 2025
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    La diminution accélérée du volume expiratoire maximal en une seconde (VEMS) est un marqueur majeur d’aggravation de la BPCO. Or 40 à 70 % des patients qui ont des bouchons de mucus bronchiques à la tomodensitométrie, ont également un VEMS plus bas dans les études transversales. Bien que la formation des bouchons muqueux soit dynamique, certains bouchons persistant et d'autres se résorbant avec le temps, l'effet des modifications des bouchons muqueux sur la diminution du VEMS1 chez les patients atteints de BPCO restait inconnu.

    À partir de la cohorte COPDGene, 2 118 sujets (≥ 10 PA, BPCO confirmée) disposant de scanner thoraciques et de spirométrie à l’inclusion (phase 1) puis à cinq ans (phase 2) ont été classés en quatre profils : « toujours négatif » (44 %), « résolu » (16 %), « nouvellement formé » (20 %) et « persistant » (20 %). Par rapport aux témoins sans bouchon, la perte annuelle moyenne de VEMS est aggravée de +17,7 mL/an chez les « nouvellement formés » et de +23,2 mL/an chez les « persistants » (p < 0,001), tandis qu’elle ne diffère pas dans le groupe « résolu » (+2,2 mL/an). L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.

    Rôle majeur du tabagisme associé aux bouchons de mucus

    L’interaction avec le tabagisme est déterminante : la diminution de la fonction respiratoire la plus marquée est observée chez les patients « persistants » ayant repris ou poursuivi la cigarette, alors que l’arrêt du tabac dans le groupe « résolu » s’accompagne du déclin le plus lent.

    Les volumes de base, la distribution GOLD et la symptomatologie n’ont pas modifié la tendance. La présence durable de bouchons de mucus avait précédemment été liée à une surmortalité, soulignant leur portée clinique.

    Une étude prospective d’association mais la causalité reste à démontrer

    Les bouchons de mucus ont été identifiés par lecture centralisée des scanners thoraciques, et la variation du VEMS a été analysée par régression multivariée ajustée (âge, sexe, tabagisme, emphysème, bronchite chronique). Les exclusions (perte de suivi, décès) réduisent la cohorte initiale de moitié ; néanmoins, les caractéristiques des 2 118 patients retenus reflètent bien la population globale BPCO tabagique blanche ou noire américaine.

    Selon les auteurs, il paraît intéressant d’intégrer la recherche systématique de bouchons de mucus sur le scanner de routine pour identifier les patients à risque de déclin accéléré ainsi que de s’en servir pour renforcer le sevrage tabagique : l’association syner­gique tabac + bouchons double quasiment la perte de VEMS. Il paraît nécessaire d’envisager des stratégies démucolytique ou anti-inflammatoire ciblées, les données récentes dans l’asthme suggèrant que certaines thérapeutiques pourraient réduire la charge muqueuse.

    Des essais contrôlés doivent déterminer si la dissolution pharmacologique ou mécanique des bouchons ralentit réellement la dégradation fonctionnelle et s’ils constituent un biomarqueur thérapeutique pertinent. L’élucidation des facteurs biologiques (hyper­sécrétion, altération du clearing mucociliaire) guidera le développement d’interventions personnalisées. Enfin, l’étude future de cohortes plus diversifiées permettra de confirmer l’universalité de ce phénomène et d’en affiner la prise en charge.

     

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    JDF